(Québec) Québec a annoncé vendredi une série d’assouplissements des critères d’accès aux fameuses primes de rétention de 15 000 $, que les syndicats trouvaient beaucoup trop contraignants. Malgré un certain compromis sur les congés sans solde, les nouveaux ajustements ratent encore la cible, selon les organisations syndicales.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a confirmé vendredi des ajustements qui seront apportés à l’arrêté ministériel pour l’octroi de primes de rétention et d’attraction pouvant aller de 12 000 $ à 18 000 $ par infirmière à temps complet. Le ministre Christian Dubé avait déjà fait savoir qu’il assouplirait les conditions liées à ses primes, décriées par les syndicats de la santé.

L’un des principaux points de discorde était au sujet des congés sans solde. Selon le guide d’application du 18 octobre — qui essentiellement vulgarise l’arrêté ministériel —, les journées sans solde étaient suffisantes pour faire perdre l’admissibilité à la prime. Il était d’ailleurs précisé « qu’une seule journée sans solde suffit à provoquer cet effet », ce qui avait provoqué l’ire des syndicats.

Il faut comprendre qu’une infirmière à temps complet dans le réseau devait s’engager à respecter une série de conditions pour avoir accès à cette prime. Donc, si elle s’absentait, elle pouvait devoir rembourser certains montants liés à la prime à la fin de l’année.

Devant le tollé, Québec s’était engagé à revoir ses critères. Ainsi, on vient clarifier l’enjeu des congés sans solde. Une infirmière pourra donc prendre jusqu’à 10 jours de congé avec ou sans solde sans que cela affecte l’admissibilité ni le calcul des primes. On permet aussi aux travailleuses qui ont des horaires atypiques ou qui bénéficient d’un aménagement de temps de travail d’avoir accès aux primes.

Le personnel enseignant en soins infirmiers et cardiorespiratoires aura aussi droit aux montants forfaitaires, au prorata de leur horaire au sein du réseau. Enfin, le programme est prolongé jusqu’au 14 janvier 2022. C’est un mois de plus que ce qui était prévu initialement.

« Comme pour toutes les primes que nous avons annoncées depuis le début de la pandémie, notre intention est claire : nous voulons les octroyer. Ainsi, à la suite de notre annonce, nous avons entendu les préoccupations du personnel sur le terrain et les demandes des organisations syndicales, et nous avons convenu que des ajustements étaient nécessaires pour permettre une certaine flexibilité et ne pas freiner des personnes à rester ou à revenir dans le réseau », a fait valoir le ministre Dubé dans un communiqué.

Des modifications insuffisantes, estiment les syndicats

Mais ces assouplissements ratent la cible, estiment les six organisations syndicales (FSSS-CSN, la FSQ-CSQ, la FIQ et la FIQP, le SQEES-FTQ et le SCFP) qui font front commun dans ce dossier. « Ces aménagements montrent que le gouvernement n’entend pas le message de mettre fin à la gestion par arrêtés et d’implanter les solutions mises de l’avant par les syndicats qui sont au diapason avec les besoins du réseau », ont-elle déploré dans un communiqué. « Malheureusement, les modifications annoncées qui privilégient uniquement des mesures temporaires, sont clairement insuffisantes. »

La négociation entre le MSSS et les syndicats au sujet des primes de rétention avait tourné à la confrontation au début du mois alors que le ministre Dubé y était allé d’une charge à fond de train contre les syndicats, en marge d’une annonce sur la vaccination. Il avait notamment affirmé que les délégués syndicaux étaient « plus préoccupés » par leurs propres intérêts que par ceux de leurs membres parce qu’ils voulaient eux aussi avoir accès aux primes.

À ce sujet, les employés en libération syndicale pourront avoir accès en partie aux primes s’ils effectuent des quarts de travail durant la fin de semaine. Les montants seront évalués au prorata des heures travaillées.

Les syndicats déplorent d’ailleurs qu’il n’y a pas eu de nouvelles rencontres entre les parties à la suite de la sortie du ministre Dubé. « En effet, des semaines après son entrée en vigueur, l’arrêté ministériel décrété unilatéralement ne parvient toujours pas à attirer et retenir le personnel en soins infirmiers et cardiorespiratoires alors que les besoins sont criants sur le terrain. C’est la démonstration que le ministre Dubé s’est engagé dans la mauvaise voie », ont-ils déploré.

Dans sa mise à jour hebdomadaire publiée jeudi dernier, Québec a indiqué que plus de 1221 personnes ont été engagées dans le réseau de la santé et des services sociaux depuis le début du programme, le 23 septembre. À cela s’ajoutent 3664 personnes qui travaillaient à temps partiel et qui ont accepté un rehaussement de poste à temps complet.

Des discussions sont également en cours avec près de 4419 candidats potentiels.