Au cours des derniers mois, le CISSS de Lanaudière dit avoir redoublé d’efforts pour améliorer la qualité des services offerts et la sécurisation culturelle des patients autochtones qui vont se faire soigner au Centre hospitalier régional de Lanaudière. Pour le chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Paul-Émile Ottawa, le changement de climat est manifeste et la confiance est en train de se rebâtir.

« Le ton est différent de ce qu’il était il y a quelques mois. […] La communication s’est grandement améliorée », affirme le chef Ottawa.

Arrivée en poste en avril, la nouvelle PDG du CISSS de Lanaudière, Maryse Poupart, est « appréciée par la communauté », soutient le chef Ottawa.

Celle-ci a présenté jeudi après-midi l’ensemble des mesures mises en place depuis février pour améliorer la sécurisation culturelle au Centre hospitalier régional de Lanaudière, où Joyce Echaquan est morte sous les insultes racistes de membres du personnel le 28 septembre 2020.

« Ce drame m’habite et continuera de m’habiter », affirme Mme Poupart.

Elle a reçu positivement le rapport de la coroner Géhane Kamel sur la mort de Mme Echaquan, présenté plus tôt cette semaine. Plusieurs des recommandations contenues dans le rapport de la coroner sont déjà en cours de réalisation, affirme Mme Poupart.

Deux agents de sécurisation culturelle ont été engagés et ont leur bureau à même le Centre hospitalier régional de Lanaudière (CHRDL). Leur rôle est de « soutenir et accompagner les usagers de la communauté ».

Depuis le 17 mai, Mme Poupart est aussi accompagnée par Guy Niquay, qui est adjoint à la PDG. « C’est un précieux conseiller à la direction générale », dit Mme Poupart. Solange Dubé, originaire de Manawan, a aussi été nommée au conseil d’administration du CISSS.

Mécanismes revus

Une conférence virtuelle sur la sécurisation culturelle a été offerte à 70 % des employés du CISSS. Une formation plus longue est offerte depuis juin et a été suivie par 5000 employés, soit 30 % des effectifs du CISSS. Un comité de réconciliation a été mis sur pied, coprésidé par le chef Ottawa et Mme Poupart. « Toute l’organisation est mobilisée pour s’assurer que le meilleur est devant nous », dit-elle.

Les mécanismes ont été revus afin de faciliter les échanges d’informations médicales entre le dispensaire de Manawan et le CHRDL (appelé communément l’hôpital de Joliette). L’enquête du coroner avait révélé que les ratios de personnel aux urgences de l’hôpital de Joliette n’étaient pas conformes aux normes le jour de la mort de Mme Echaquan. Et que celle-ci avait été soignée principalement par une candidate à l’exercice de la profession infirmière (CEPI) de formation collégiale même si son état était instable.

Mme Poupart affirme que « la structure de gestion de l’urgence a été revue ». « Les ratios ont été revus. […] Vous dire que c’est facile de les atteindre, ce ne serait pas dire la vérité. […] Le défi, comme partout, c’est un défi d’accès aux ressources », dit-elle.

Un plan de formation sur les mesures de contention a été déployé. Et Mme Poupart affirme que les CEPI ne sont plus laissées à elles-mêmes.

Le chef Ottawa note que le changement dans les relations entre l’hôpital de Joliette et la communauté atikamekw est visible notamment parce que les demandes de la communauté sont prises au sérieux. Ce qui prenait autrefois des années à régler, « on pourrait maintenant le régler en une semaine tellement les choses ont évolué et changé depuis quelques mois », dit-il.

Pour Mme Poupart, « la communauté de Manawan a droit aux mêmes soins que les autres citoyens de Lanaudière ». Celle-ci estime que le travail de réconciliation se fera « doucement » et n’est pas terminé. « Il faut aller à la rencontre les uns des autres. […] Et ça, ça prend du temps », dit-elle.