(Ottawa) Le président de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a jusqu’à la fin de la semaine pour expliquer pourquoi deux scientifiques du gouvernement canadien ont été licenciés 18 mois après avoir été escortés du seul laboratoire de niveau 4 du Canada.

Lundi, Iain Stewart a été critiqué par des députés de l’opposition après avoir refusé à plusieurs reprises d’expliquer pourquoi l’ASPC avait mis fin à l’emploi de la Dre Xiangguo Qiu et de son mari, Keding Cheng, en janvier.

Iain Stewart a déclaré au comité spécial sur les relations entre le Canada et la Chine qu’il ne pouvait pas fournir de détails en raison de problèmes de confidentialité et de « sécurité en ce qui concerne l’enquête » qui est actuellement menée par la GRC.

Il a seulement indiqué que l’ASPC a mené sa propre enquête, qu’elle est maintenant terminée et que les deux scientifiques ne sont plus à l’emploi de l’agence.

« Je ne suis pas libre d’en discuter davantage », a déclaré Iain Stewart à plusieurs reprises.

Les deux scientifiques ont été escortés hors du Laboratoire national de microbiologie en juillet 2019 pour ce qui a été décrit comme une possible violation des politiques du laboratoire et pour une question administrative.

Le laboratoire est le plus sécurisé du Canada, conçu pour traiter en toute sécurité des germes contagieux mortels tels qu’Ebola.

L’ASPC a déclaré que leur sortie escortée n’avait rien à voir avec le fait que quatre mois plus tôt, Xiangguo Qiu était responsable d’un envoi de virus Ebola et Henipah à l’Institut chinois de virologie de Wuhan.

Mais des députés de l’opposition ont tenté à plusieurs reprises de lier les deux évènements et ont tenté ensuite de les lier au nouveau coronavirus à l’origine de la COVID-19, qui a fait surface pour la première fois dans la province chinoise de Wuhan.

Le Dr Guillaume Poliquin, chef du Laboratoire national de microbiologie, a déclaré au comité que le Canada n’avait jamais transféré de coronavirus à l’Institut de virologie de Wuhan.

Le député conservateur Garnett Genuis a demandé s’il y avait déjà eu un cas dans lequel un laboratoire canadien avait licencié un scientifique pour atteinte à la sécurité ou transfert inapproprié de virus.

Il s’est emporté lorsque Iain Stewart a répondu qu’il n’était « pas en mesure de répondre à la question de la façon dont elle était structurée ».

« Je suis heureux que vous ayez un bureau de haut niveau dans ce pays où vous êtes censé rendre des comptes aux parlementaires et aux Canadiens. Maintenant, répondez à cette maudite question », a déclaré Garnett Genuis.

« C’est une si grande honte. »

Le député libéral Peter Fragiskatos a interrompu l’interrogatoire de Garnett Genuis en rappelant les règlements, le réprimandant pour avoir harcelé le témoin et violé le décorum.

Mais à ce moment-là, le président du comité, Geoff Regan, a brièvement perdu sa connexion internet durant la réunion virtuelle, de sorte que le député Genuis, en tant que vice-président, a pris le relais. Il a rejeté le rappel au Règlement de Peter Fragiskatos et a également rejeté la suggestion d’un autre député libéral de suspendre brièvement la réunion jusqu’à ce que les problèmes techniques puissent être résolus.

Garnett Genuis a finalement cédé la place de président à un autre député après que le néo-démocrate Jack Harris ait déclaré qu’il était inapproprié pour lui d’agir à titre de président tout en poursuivant ses questions et en traitant des rappels au Règlement sur sa propre conduite.

Iain Stewart a indiqué plus tard au comité qu’il était désolé que son refus de fournir des détails « causait du stress et de la tristesse. C’est l’avis juridique qui m’a été fourni en préparation de cette session. »

Le député du Bloc québécois, Stéphane Bergeron, a averti Iain Stewart qu’il pourrait être reconnu coupable d’outrage au Parlement s’il continuait de refuser de fournir des détails. Si les détails sont trop délicats pour être révélés publiquement, Stéphane Bergeron a suggéré qu’ils pourraient plutôt être fournis à titre confidentiel aux membres du comité.

Iain Stewart a mentionné qu’il consulterait un conseiller juridique au sujet de cette alternative.

Le député conservateur John Williamson a suggéré qu’il y a d’autres raisons pour lesquelles Iain Stewart a refusé de répondre aux questions à ce sujet « et ce n’est que des bêtises bureaucratiques, de l’incompétence, des méfaits dans le ministère ».

Le comité a finalement accepté une motion du député Genuis demandant à Iain Stewart d’expliquer aux membres, en toute confidentialité s’il le souhaite, d’ici vendredi à 14 h, pourquoi les deux scientifiques ont été licenciés.