(Toronto) Les Canadiens n’ont pas à s’inquiéter de voir des villes entières mises en quarantaine, même dans l’éventualité — probable — que des cas d’infection au nouveau coronavirus soient signalés au pays, ont assuré vendredi des responsables de la santé publique.

Ils affirment qu’on ne risque pas d’assister ici à ce qui s’est passé à Wuhan, ville chinoise de 11 millions d’habitants où serait née l’éclosion de pneumonie au nouveau coronavirus. « Si un cas survient ici — et il est probable que cela arrive —, la vie suivra son cours », a assuré le docteur Peter Donnelly, directeur de la Santé publique en Ontario.

Affaires mondiales Canada a recommandé vendredi d’« éviter tout voyage non essentiel » dans la province du Hubei, y compris dans les villes de Wuhan, de Huanggang et d’Ezhou, en raison de l’imposition par les autorités chinoises de « sévères restrictions de voyage » visant à limiter la propagation du nouveau coronavirus.

Outre Wuhan, la Chine a fermé les transports dans des dizaines d’autres villes, touchant environ 36 millions de personnes. Les rues animées, les centres commerciaux et autres espaces publics sont devenus étrangement déserts, les masques sont obligatoires en public et certains hôpitaux sont à court de fournitures médicales.

La médecin hygiéniste de Toronto, Eileen de Villa, a exhorté les citoyens à consulter des sources d’information crédibles sur l’éclosion virale, comme le site internet de l’Agence de la santé publique du Canada.

Jusqu’à vendredi, le coronavirus aurait fait au moins 41 morts, tous en Chine ; on signale par ailleurs plus de 1200 cas confirmés d’infection. Les tests effectués au Québec ces derniers jours sur six personnes en provenance de Chine ont par ailleurs été tous négatifs, a annoncé vendredi le directeur national de la Santé publique, Horacio Arruda.

Les symptômes de l’infection au coronavirus ressemblent à ceux du rhume ou de la grippe — toux, fièvre, serrement de poitrine et essoufflement. Mais l’infection peut se transformer en pneumonie, maladie plus grave.

Bien qu’aucun cas n’ait été signalé au Canada, les inquiétudes concernant la propagation du virus au pays ont ravivé — surtout en Ontario — les souvenirs de l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003. L’éclosion avait fait 44 morts dans la grande région de Toronto et la ville était devenue temporairement une « pestiférée » — l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait lancé un avis conseillant aux voyageurs d’éviter la métropole canadienne.

Mieux préparés qu’en 2003

Le docteur Donnelly, de Santé publique Ontario, rappelle que la situation est maintenant très différente, car les autorités sont bien mieux préparées qu’elles ne l’étaient pour le SRAS : les communications sont plus efficaces, les hôpitaux disposent de meilleures installations d’isolement, si nécessaire, et un test fiable est disponible pour détecter le coronavirus dans les 24 heures.

« Il y a deux semaines encore, les scientifiques ne savaient rien de cette maladie ; aujourd’hui, nous connaissons le génome complet du virus et nous disposons d’un test spécifique et fiable, a expliqué le docteur Donnelly. Or, dans de telles situations, ce qui compte, c’est la vitesse et la certitude. »

Par ailleurs, les responsables de la santé publique travaillent avec le Laboratoire national de microbiologie, à Winnipeg, pour mettre au point un test encore plus rapide, a rappelé le docteur Donnelly.

Sa collègue De Villa souligne par ailleurs l’importance de pratiquer une bonne hygiène de base pour prévenir la transmission des virus — en général. Les mesures simples consistent à se laver soigneusement les mains, à tousser ou éternuer dans le pli de son coude, et à rester à la maison si l’on est malade.

Même si l’OMS a décidé pour l’instant de ne pas décréter d’« urgence de santé publique de portée internationale », le docteur Donnelly a assuré que les autorités déploient tous les efforts pour garantir que d’éventuels cas signalés au Canada seraient traités efficacement et avec célérité. La docteure Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, déclarait jeudi que les chances d’une épidémie au pays étaient faibles.

Les responsables de la santé publique ont par ailleurs rappelé que le rhume provient de la même famille que le nouveau coronavirus et que le virus de la grippe tue des milliers de Canadiens chaque année.