Le Syndicat général des professeurs de l’Université de Montréal (SGPUM) demande qu’une enquête indépendante soit menée par une firme externe pour « faire la pleine lumière » sur la qualité de l’air et « la situation de l’amiante » dans les bâtiments de l’établissement en vue de garantir que ses membres ne courent aucun risque pour leur santé.

Une résolution à ce sujet a été adoptée à la suite d’un article de La Presse révélant que trois anciens employés de l’UdeM, dont un professeur, avaient développé des mésothéliomes, une forme rare de cancer associée à l’exposition à l’amiante.

La présidente du syndicat, Mélanie Laroche, a précisé jeudi que ces informations « avaient créé une onde de choc ».

« Les gens sont vraiment inquiets. Lorsqu’on est professeur, on ne s’imagine pas qu’on peut contracter ce genre de maladie là », a-t-elle indiqué.

Mme Laroche a déclaré qu’elle s’interrogeait relativement à sa propre santé puisqu’elle travaille dans le même pavillon, Lionel-Groulx, que l’ex-professeur atteint de mésothéliome, Jean Renaud.

L’homme de 72 ans, retraité depuis 2010, s’est fait diagnostiquer en 2018 ce type de cancer, qui met parfois des décennies à se développer. Son cas n’a pas encore été évalué par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST).

« On se demande tous ce qui va arriver dans 20 ans. Il va avoir combien d’autres cas ? », demande Mme Laroche, qui reproche à l’Université de manquer de transparence relativement à la problématique de l’amiante.

« Il est temps »

La question est rendue encore plus pressante par le fait, dit-elle, que des travaux majeurs, notamment du désamiantage, sont prévus l’année prochaine dans les pavillons Marie-Victorin et Roger-Gaudry.

La direction n’a pas montré d’ouverture pour l’heure à l’idée de charger une firme externe de faire une enquête, indique le SGPUM, qui est en discussion avec d’autres syndicats de l’Université à ce sujet.

M. Renaud se dit favorable à la tenue de l’enquête demandée. « Il est temps pour l’Université de devenir transparente et d’expliciter quelle est la situation dans chacun des bâtiments relativement à l’amiante », a-t-il indiqué jeudi.

La présidente de l’Association du personnel préretraité et retraité de l’UdeM, Sylvia Francis, se dit elle aussi favorable à une telle démarche.

Elle pense toutefois qu’il est plus important de faire le point sur la situation des anciens employés et suggère que l’Université utilise les renseignements personnels dont elle dispose relativement aux retraités pour les joindre et les questionner relativement à leur état de santé.

La porte-parole de l’Université, Geneviève O’Meara, a indiqué jeudi dans un courriel que les « mécanismes de contrôle et de suivi de la qualité de l’air existent déjà » sur les campus de l’université et que des comités paritaires étaient en place avec les syndicats pour « partager les informations pertinentes ».

Elle a ajouté qu’un registre détaillant la présence d’amiante existe pour chaque bâtiment et que les personnes inquiètes à ce sujet peuvent contacter le service de santé et sécurité.

Mme O’Meara a assuré enfin que les travaux de désamiantage à venir dans les pavillons Marie-Victorin et Roger-Gaudry seraient menés de façon sécuritaire et feraient l’objet en janvier de rencontres d’information avec la communauté universitaire.