Les autorités américaines ont découvert deux entrepôts où des vapoteuses à cannabis avaient été importées aux États-Unis. Cette drogue semble de plus en plus impliquée dans la vague de pneumopathies graves liées au vapotage, selon les derniers chiffres dévoilés cette semaine. Mais la popularité du vapotage à la nicotine chez les jeunes continue d’inquiéter. Une nouvelle étude démontre pour la première fois que les cigarettes électroniques aromatisées doublent le risque de consommation régulière.

YouTube et entrepôts

Mardi, une analyse portant sur 83 victimes de pneumopathies graves liées au vapotage, un phénomène maintenant appelé EVALI par les autorités américaines, a montré que 97 % d’entre elles avaient utilisé du THC, un ingrédient actif du cannabis, dans leurs vapoteuses. Hier, en conférence de presse téléphonique, les Centres de contrôle des maladies (CDC) et les autorités sanitaires (FDA) ont avancé que cette vague de pneumopathies graves semblait surtout due au THC ou à l’utilisation de vapoteuses ou de recharges pour vapoteuse obtenues sur le marché noir. « On a vu une augmentation marquée par exemple du nombre de vidéos sur YouTube qui montrent comment couper les liquides dans les recharges pour faire plus de profit », a expliqué Anne Schuchat, directrice aux CDC. Mitch Zeller, directeur du Centre des produits du tabac de la FDA, a quant à lui indiqué qu’une enquête dans des centres de tri avait montré que des vapoteuses à THC avaient été importées aux États-Unis. Santé Canada ne pouvait pas indiquer hier si une enquête similaire dans des centres de tri était en cours au Canada, mais déclare collaborer régulièrement avec les autorités douanières.

Plateau

La Dre Schuchat a indiqué que le nombre de victimes semblait avoir atteint un plateau. Le nombre de victimes a progressé de 1479 à 1604 par rapport à la semaine dernière et le nombre de morts, de 33 à 34 morts. « C’est par contre une occasion pour examiner la montée en flèche de la popularité du vapotage chez les jeunes, a dit la Dre Schuchat. Les jeunes qui deviennent dépendants à la nicotine de cette manière vont parfois essayer d’autres vapoteuses et d’autres recharges offertes sur le marché noir. »

Saveurs et dépendance

Mercredi, une première étude a formellement établi que les jeunes qui commencent à vapoter avec des liquides aromatisés sont deux fois plus susceptibles de devenir des vapoteurs réguliers (tous les jours). « Nous avons fait la première étude prospective, où nous avons suivi différents groupes d’âge sur des années pour vérifier l’impact des recharges aromatisées », explique Andrea Villanti, épidémiologiste à l’Université du Vermont, qui est l’auteure principale de l’étude publiée dans la revue JAMA Network Open. « L’impact semble encore plus grand chez les adolescents que chez les jeunes adultes. Et nos données actuelles ne tiennent pas compte de la popularité des vapoteuses Juul. Je crois qu’avec les autres analyses de suivi, nous verrons que l’effet des recharges aromatisées sur la dépendance est encore plus grand. »

Interdiction

Lors de la conférence de presse d’hier, Mitch Zeller a indiqué que la FDA travaille « d’arrache-pied » à de nouvelles règles d’interdiction des recharges aromatisées pour vapoteuses, demandées par le président Donald Trump en septembre. Mais l’épidémiologiste Andrea Villanti pense qu’il faudrait en profiter pour interdire les arômes pour d’autres types de tabac. « Le menthol est toujours permis pour les cigarettes et c’est la saveur la plus populaire pour les vapoteuses, assure Mme Villanti. Et les saveurs sont toujours offertes pour le tabac à pipe et il semble que certains vapoteurs l’utilisent pour se rouler des cigarettes aromatisées. »