Un cardiologue à l'Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal vient de se faire taper sur les doigts par son ordre professionnel pour avoir falsifié des ordonnances et contrefait la signature d'un de ses confrères afin de se procurer des médicaments contre la douleur pour son usage personnel.

Sur une période de deux ans, le Dr Michel Doucet a émis cinq ordonnances falsifiées en utilisant le nom de son médecin traitant - un confrère de l'Hôpital du Sacré-Coeur - à l'insu de ce dernier.

Le cardiologue s'est ainsi procuré auprès de pharmaciens des médicaments pour traiter ses douleurs au dos, soit le Célébrex, le Topamax et l'Empracet.

Devant le conseil de discipline du Collège des médecins, le Dr Doucet a blâmé la plus récente réforme du réseau de la santé - mieux connue sous le nom de la réforme «Barrette» - pour son «surmenage important» qui l'a poussé - toujours selon lui - à commettre l'infraction.

Le cardiologue a plaidé qu'il avait un horaire surchargé à l'époque de l'infraction parce que l'Hôpital du Sacré-Coeur faisait désormais partie du CIUSSS du Nord-de-l'Île-de-Montréal et qu'il devait ainsi servir trois hôpitaux différents pour des urgences en cardiologie, lesquelles pouvaient arriver à tout moment, notamment durant la nuit.

À cela s'ajoutait le fait que son hôpital manquait de cardiologues et qu'il était également responsable de l'enseignement des étudiants en médecine.

À l'époque, le Dr Doucet était suivi par un confrère neurochirurgien pour des problèmes de lombalgies. Ce dernier lui avait prescrit des médicaments contre la douleur en 2015. Il n'avait toutefois pas renouvelé l'ordonnance par la suite, et ce, jusqu'à l'été 2017.

Or, en septembre 2017, le neurochirurgien reçoit un appel d'une pharmacie à l'effet que son patient - le Dr Doucet - a produit plusieurs ordonnances en son nom entre 2015 et 2017 alors que l'écriture ne correspond pas à la sienne.

Le neurochirurgien a alors confronté son confrère, qui a admis d'emblée les faits qui lui sont reprochés.

Le Dr Doucet éprouvait des douleurs importantes à l'époque, mais il n'avait pas le temps de prendre rendez-vous avec un médecin et n'avait pas de médecin de famille, a-t-il raconté devant le conseil de discipline du Collège des médecins.

Le cardiologue a tenté d'atténuer la gravité de l'infraction en faisant valoir qu'il se traitait lui-même en renouvelant une prescription existante.

Au contraire, lui a répondu son ordre professionnel, «le fait d'avoir contrefait la signature d'un collègue sur une ordonnance concernant des médicaments contrôlés constitue plutôt un facteur aggravant».

En insistant sur le fait que les gestes du cardiologue sont de nature à «ternir l'image de la profession», le conseil de discipline de son ordre professionnel vient de lui imposer une période de radiation d'un mois et une amende de 2500 $, selon la décision rendue publique ce lundi.