Une panne électrique survenue tôt hier matin a immobilisé pendant quelques heures les chariots robotisés du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) chargés d'acheminer les fournitures médicales, les plateaux-repas, les instruments stériles et la lingerie aux différents étages de l'hôpital.

Si les patients n'ont subi aucun inconvénient, assure la porte-parole du CHUM, Lucie Dufresne, une enquête devra être menée afin de déterminer pourquoi les génératrices censées permettre aux robots de fonctionner en cas de panne n'ont pas pris la relève. C'est du moins ce qu'a expliqué Serge Migneault, directeur adjoint des approvisionnements et de la logistique au CHUM, hier, lors d'un témoignage devant le Conseil canadien des relations industrielles.

M. Migneault était appelé à témoigner dans le cadre d'une demande de maintien des services essentiels faite par l'Association des employeurs maritimes (AEM) auprès du Conseil canadien des relations industrielles. Le Conseil doit déterminer si, en cas de grève des débardeurs au port de Montréal, certains services devraient être considérés comme essentiels et continuer d'être assurés.

Imprévus à analyser

C'est donc durant ce témoignage que M. Migneault a fait part de l'incident survenu au CHUM. Invité à illustrer en quoi certains imprévus pouvaient perturber la gestion logistique du CHUM, il a expliqué qu'une panne électrique avait justement touché l'établissement de 3 h 30 à 9 h 30 hier matin. Les 70 chariots robotisés qui font chaque jour 2500 transports dans tout l'hôpital ont été immobilisés. M. Migneault a expliqué qu'une analyse devait être menée pour comprendre pourquoi les génératrices n'avaient pas fonctionné.

« Le plan de contingence élaboré conjointement par le CHUM et Veolia a été déclenché par le CHUM, afin que les chariots soient déplacés manuellement, suivant une priorisation préétablie des flux (ex. : repas, médicaments, instruments prioritaires). Il n'y a eu aucun retard dans la distribution des repas ni aucun report de chirurgie. La qualité et la sécurité des soins aux patients ont été assurés », soutient pour sa part Mme Dufresne.

Les débardeurs sans convention de travail

Quant à la raison première du témoignage de M. Migneault, rappelons que les employés du Syndicat des débardeurs du port de Montréal sont sans convention collective depuis le 1er janvier. Après des pourparlers infructueux menés à l'automne, le Syndicat des débardeurs a obtenu un mandat de grève le 16 décembre. Ce mandat de grève, valide 60 jours, est toutefois suspendu d'ici la conclusion de la procédure devant le Conseil canadien des relations industrielles. Or, les audiences sont loin d'être terminées, si l'on en croit les discussions menées hier dans un climat tendu à Montréal. Des dates sont encore prévues en mars et avril, et les audiences pourraient se poursuivre en juin.

Devant la vice-présidente du Conseil canadien des relations industrielles, MLouise Fecteau, l'AEM et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal se sont toutefois engagés à se fixer parallèlement de nouvelles dates de médiation.

Quels impacts ?

Appelé à témoigner par l'AEM, M. Migneault devait expliquer l'impact que pourrait avoir une grève au port de Montréal sur les activités du CHUM. Il a notamment expliqué que l'hôpital disposait d'un petit espace de stockage de 400 mètres carrés dans lequel il est impensable d'entreposer des marchandises. « Le CHUM fonctionne en approvisionnement en flux tendu et a très peu d'espace de stockage », confirme la porte-parole du CHUM, Lucie Dufresne, qui affirme que l'hôpital est « tributaire de la performance de ses fournisseurs ». « Nous n'avons pas de moyens de savoir si notre matériel passe ou pas par le port de Montréal. Toutefois, le matériel qui y transite doit être livré à nos fournisseurs le plus rapidement possible afin qu'ils puissent respecter leurs engagements envers nous », dit-elle.

Le CHUM en bref

10 000 employés

772 chambres individuelles

Livraison quotidienne de 90 camions

30 salles d'opération, dont 24 sont utilisées