La nouvelle ministre de la Santé et des Services sociaux Danielle McCann et la présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) Diane Francoeur veulent travailler côte à côte. Elles ont partagé la scène, vendredi, pour le prouver.

« SIGNAL D'UN TEMPS NOUVEAU »

Dans un discours prononcé devant 1600 médecins spécialistes réunis à l'occasion d'une journée de formation à Montréal, la ministre de la Santé Danielle McCann a demandé aux spécialistes leur « collaboration » pour « faire en sorte que les problématiques d'accès et de couverture soient derrière nous une fois pour toutes ». Sa présence à l'événement de vendredi doit être interprétée, a-t-elle dit, comme un « signal d'un temps nouveau ». La ministre a insisté sur le fait qu'elle allait « prendre tous les moyens » pour remplir ses promesses d'améliorer l'accès aux soins pour tous les Québécois « avec » les médecins spécialistes.

BESOIN D'UNE « GUIDE »

La présidente de la FMSQ Diane Francoeur a pris la parole juste avant la ministre pour demander à cette dernière d'être « la guide et la rassembleuse dont nous avons besoin [dans le réseau de la santé] ». La Dre Francoeur a décrit le réseau de la santé comme « enlisé à l'ère du fax et de la gestion autoritaire » - allusion à peine voilée à la réforme menée par le prédécesseur de Mme McCann, Gaétan Barrette. La nouvelle ministre de la Santé a d'ailleurs été applaudie lorsqu'elle est montée sur scène pour prononcer son allocution.

PRÉVENIR L'ÉPUISEMENT

La Dre Francoeur a demandé à la ministre de travailler à prévenir l'épuisement des médecins, infirmières et autres professionnels de la santé. « Trop de femmes et d'hommes vaillants et compétents sont à bout. Il faut en faire une priorité », a dit la présidente du syndicat des médecins spécialistes. Diane Francoeur veut aussi rendre « plus fluide le parcours patient, réduire les délais avec un peu de technologie, beaucoup de collaboration et un leadership positif ». À son tour de prendre la parole, la ministre de la Santé a répondu qu'il s'agissait d'un « bon message » qu'elle appuyait.

FIN DES TÉLÉCOPIEURS

La ministre de la Santé a aussi promis vendredi « la fin de l'utilisation des télécopieurs dans le réseau de la santé et des services sociaux », alors qu'elle insistait sur le virage technologique que le réseau doit prendre. Elle a aussi promis de « compléter les travaux du CRDS » pour le rendre plus efficace. Le CRDS - le fameux Centre de répartition des demandes de services - est le guichet unique mis en place par Québec pour faciliter l'accès aux spécialistes qui a été très critiqué depuis son implantation. Fait à noter : les demandes envoyées au CRDS le sont actuellement... par télécopieur.

PLUS DE MÉDECINS QUE JAMAIS AU PRIVÉ

Parmi les 425 médecins qui sont aujourd'hui désaffiliés du régime public, il y a 120 médecins spécialistes. « C'est 120 de trop. Il faut qu'ils reviennent », a réagi la présidente de la FMSQ, vendredi, en marge de la journée de formation interprofessionnelle. Le Journal de Montréal révélait vendredi que les médecins étaient deux fois plus nombreux qu'il y a cinq ans à choisir de travailler au privé. Parmi les spécialistes, ce sont surtout des dermatologues et des orthopédistes qui quittent le réseau public au profit du privé. La Dre Francoeur croit que des orthopédistes reviendraient dans le système public si on leur permettait d'opérer davantage. Toutefois, « c'est sûr que la dermato, le Botox, ils peuvent rester là [au privé], on n'en veut pas. Tout ce qui est esthétique, ce n'est pas un dossier qu'on va défendre avec un bâton, a poursuivi Diane Francoeur. On ne les pousse pas à aller [au privé], mais on ne peut pas les empêcher non plus. »

Photo Sarah Mongeau-Birkett, archives La Presse

La présidente de la FMSQ Diane Francoeur (notre photo) a décrit le réseau de la santé comme étant « enlisé à l'ère du fax et de la gestion autoritaire » - allusion à peine voilée à la réforme de l'ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette.