Même si la Protectrice du citoyen pressait en août le réseau de la santé de «réallouer immédiatement» les 11 h 39 de services à domicile retranchées cette année au Montréalais Michel G.Pigeon, rien n'a encore été fait pour aider ce citoyen handicapé à récupérer ses services dénonce le député péquiste Jean-François Lisée, qui accuse le gouvernement de faire preuve d'un «déficit de compassion» dans ce dossier.

Depuis 1987, M. Pigeon qui se déplace en fauteuil roulant et a besoin d'aide pour plusieurs activités de sa vie quotidienne recevait près de 40 heures par semaine de soins à domicile. On l'aidait notamment à préparer ses repas, à se laver et à se mettre au lit. Grâce à cette aide, M. Pigeon est capable d'occuper un emploi à temps plein comme préposé aux renseignements à la fonction publique du Québec.

Au printemps dernier, M. Pigeon a appris qu'on lui retranchait 11,5 heures de soins par semaine par «soucis d'équité» avec les autres usagers de territoire du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l'Est-de-l'Île-de-Montréal. « Sans ces heures, je vais perdre mon emploi. Je n'arriverai plus », affirme M. Pigeon qui a déjà dû couper deux bains par semaine à cause des coupes.

Sécurité menacée

Choqué par cette décision, M. Pigeon a porté plainte auprès de la Protectrice du citoyen. Dans une décision rendue le 19 août, la Protectrice note que certaines coupes pourraient mettre M. Pigeon en danger.

Par exemple, alors qu'il recevait 8 h 30 de soutien pour des activités de la vie quotidienne comme la préparation des repas, le lavage de vaisselle, l'entretien ménager et la lessive, M. Pigeon n'a maintenant droit qu'à 3h30par semaine pour ces services. « J'estime que cette façon de faire vous met à risque et ne laisse aucune place à l'erreur », note la Protectrice dans son rapport.

Celle-ci presse le CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal de démontrer que tous les besoins de M. Pigeon pourront être répondus dans les heures de services à domicile qui lui sont allouées à chaque semaine. D'ici à ce que cette démonstration soit faite, la Protectrice  demande au CIUSSS de « réallouer immédiatement à l'usager » ses heures de services à domicile.

«Jusqu'à maintenant, le gouvernement a refusé de répondre à cette demande. Que faut-il de plus ? » demande M. Lisée.

M. Pigeon dit quant à lui avoir fait «tout ce qu'il fallait pour s'intégrer à la société». «Je n'ai pas envie de perdre mon emploi et de recommencer à la case départ », dit-il.

Directrice adjointe au continuum de soins au service à la clientèle en perte d'autonomie du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal, Julie Desrochers affirme qu'une rencontre est prévue sous peu avec M. Pigeon pour discuter de la situation. Mme Desrochers assure que tous les besoins de M. Pigeon seront répondus malgré la réévaluation de ses heures de soins à domicile.-30-

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Michel G.Pigeon