Les diabétiques sont particulièrement à risque de développer des plaies difficiles. Ces plaies qui ne guérissent pas ou qui guérissent mal constituent un fardeau coûteux pour le système de santé, révèle un rapport de l'Institut canadien d'information sur la santé.

Le phénomène est important, mais il était peu documenté jusqu'à présent, explique le porte-parole de l'ICIS, Claude Lemay. «On ne savait pas quelle ampleur ou quelle envergure les plaies difficiles avaient.»

L'étude dévoilée aujourd'hui révèle que près du tiers (30%) des patients hospitalisés pour des soins prolongés développe des plaies «difficiles». Aucun milieu n'est épargné. Ainsi, 10% des patients dans les centres de soins de longue durée (CHSLD), 7% des patients qui reçoivent des soins à domicile et 4% des patients hospitalisés en soins de courte durée à l'hôpital sont également touchés.

Les auteurs du rapport estiment toutefois que la prévalence des plaies difficiles dans les soins de courte durée serait sous-évaluée parce que les premiers stades des plaies de lit, qui consistent en de petites rougeurs, ne seraient pas toujours détectés.

L'étude se penche sur les plaies évitables, soit les plaies chroniques qui ne guérissent pas au bout de trois mois, incluant les plaies de lit, les plaies qui guérissent mal à la suite d'une intervention chirurgicale ainsi que les ulcères à la jambe ou la gangrène qui survient à la suite d'une mauvaise circulation sanguine ou d'une obstruction artérielle.

Diabétiques à risque

Les personnes diabétiques sont plus à risque. Un diabétique admis à l'hôpital aurait jusqu'à six fois plus de risque que les autres patients de développer une plaie qui guérit mal, indique l'étude.

Le risque de développer une infection à la suite d'une chirurgie ou en raison d'une mauvaise circulation sanguine est également plus élevé.

«Il y a plus de risque d'avoir une guérison retardé chez une personne diabétique. Les plaies guérissent un peu moins bien», explique M. Lemay.

Le diabète touchait plus de 2,4 millions de Canadiens en 2008-2009, rappellent les auteurs. D'ici cinq ans, le Canada pourrait compter quatre millions de diabétiques.

Le diabète entraine généralement une mauvaise circulation sanguine et une perte de sensations aux extrémités, particulièrement aux pieds. Ainsi, une personne diabétique qui a une lésion légère à un pied ne la ressent pas toujours, ce qui peut entraîner une aggravation jusqu'à devenir une plaie difficile.

Dans les pires cas, «l'ulcération du pied », mènera même à l'amputation. L'an dernier, le diabète a été associé à 2000 amputations au Canada.

Une plus grande vigilance par rapport aux plaies de lit, une diminution des infections à la suite de chirurgies ainsi qu'un plus grand travail de prévention auprès des diabétiques pourraient permettre de réduire le nombre de plaies difficiles, croient les auteurs de l'étude.

L'étude a été menée avec des données recueillies dans l'ensemble des hôpitaux canadiens, mais dans certains cas, les hôpitaux du Québec ont été exclus pour des considérations méthodologiques. Les données concernant les soins de santé de longue durée ont été majoritairement recueillies en Ontario.