Les politiques sur les prix des médicaments génériques mises en place par certaines provinces, dont l'Ontario et plus récemment le Québec, ont un effet bénéfique sur les dépenses en médicaments.

Pour la première fois depuis l'an 2000, des données compilées par l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) démontrent un ralentissement de la croissance des dépenses en médicaments. L'an dernier, les dépenses en médicaments ont connu une hausse globale de 4,8% par rapport à 2009, ce qui est nettement moins que l'augmentation enregistrée, entre 2000 et 2005, oscillant autour de 8,9%.

À l'ICIS, où on analyse les prix des médicaments un peu comme on le fait chaque année pour le lait ou l'essence, on estime que la fin des brevets sur plusieurs médicaments explique ce ralentissement des dépenses. Les nouvelles politiques sur les médicaments génériques ont probablement aussi contribué à la baisse. À titre indicatif, les médicaments génériques au Québec ne peuvent pas être vendus à plus de 30% du prix du produit de l'original depuis peu. «On ne sait pas si la baisse va durer, mais il est clair que la fin des brevets aura un impact sur plusieurs années en permettant la production générique», explique Claude Lemay, expert à l'ICIS.

En moyenne, chaque Canadien a quand même engendré des dépenses moyennes de 912 dollars en médicaments prescrits et non prescrits l'an dernier. De toutes les provinces, c'est le Québec qui dépense le plus en la matière, avec une moyenne de 883$ par personne en médicaments, sans compter les 134$ dépensés pour des médicaments en vente libre. En comparaison, les Ontariens dépensent annuellement 808 dollars, et 160 en médicaments sur les tablettes. Les gens de la Colombie-Britannique s'en tirent mieux avec des dépenses annuelles de 574$ par personne. Cette province est reconnue pour la santé de sa population, avec le plus bas taux de tabagisme et d'obésité enregistré au pays, fait-on remarquer.

«Il faut aussi noter que le Québec est la seule province dotée d'une couverture complète et que ses dépenses pour le régime public sont les plus élevées, ajoute Claude Lemay, de l'ICIS. Il y a probablement un effet. En Ontario, il ne faut pas oublier qu'il y a une tranche de la population qui n'est pas assurée par un régime public ou privé.»

Le président-directeur général de l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (Inesss), Juan Roberto Iglesias, (nouvelle instance qui remplace le Conseil du médicament) explique pour sa part que les brevets sur les médicaments au Québec, d'une durée de trois ans de plus qu'Ontario, font en sorte que nous devons payer trois ans de plus les innovateurs des médicaments. «Il faut laisser à César ce qui est à César, et cette décision relève du gouvernement. Mais on voit les chiffres nous aussi. Et cette réalité est là. Nous payons plus.»

À l'échelle de la planète, des études de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) ont démontré que le Canada arrive deuxième après les États-Unis en ce qui concerne les dépenses totales en médicaments par personne. On parle de dépenses de plus de 1000$ par personne aux États-Unis, d'un peu moins de 1000$ ici, et de 747 dollars en France. «Quand on regarde ces données, il ne faut pas tirer la conclusion hâtive à l'effet nous sommes de grands avaleurs de pilules. Il faut aussi considérer l'accès aux médicaments, comme ceux pour traiter le cholestérol et l'hypertension, ou le diabète», dit M. Lemay.