Spécialisée dans la formation en ligne, Ellicom célèbre cette année ses 10 ans d'existence. Après Québec et Montréal, la boîte s'offre un nouveau bureau à Casablanca, au Maroc. Ce studio, véritable porte d'entrée sur l'Europe, permettra au président de la société, Hugues Foltz, et à son équipe de s'attaquer à de nouveaux marchés. Après Desjardins, Air Canada et Bombardier, l'entreprise québécoise est fin prête à former la planète. La Presse et Radio-Canada nomment Hugues Foltz personnalité de la semaine.

Hugues Foltz n'a d'européen que le nom. Né et élevé à Roberval, le jeune homme de 32 ans est un Québécois «pure laine». «Mon père est français, d'origine algérienne. Un pied-noir. Il est tombé amoureux du Québec et aussi de ma mère ! C'est un emploi comme physiothérapeute, à l'hôpital de Roberval, qui l'a amené à s'installer dans la région.»

Sans vouloir se lancer en affaires à tout prix, le petit gars du Lac avoue par contre que l 'entrepreneuriat est présent dans les gènes de la famille. Un de ses deux frères possède une société de traduction et sa soeur, qui est médecin, gère sa propre clinique.

Mais pour Hugues Foltz, et il l'avoue lui-même, ça n'a été que le fruit du hasard. Inscrit à l'Université Laval en administration des affaires, le jeune homme quitte donc Roberval pour Québec en 1999. C'est pendant ses études, lors d'un stage en Ontario, qu'il se découvre des atouts pour la gestion. À 21 ans, le jeune homme se retrouve directeur de projet et devient du coup le supérieur d'un groupe d'employés qui ont le double de son âge. «Ça aurait pu être catastrophique, mais je m'en suis très bien sorti et j'y ai pris goût.»

L'expérience est si concluante que l'étudiant continue à prendre des contrats de consultation en gestion et en ingénierie industrielle. Souvent appelé à donner des séances de formation, il constate une forte demande pour des activités en ligne. Le jeune entrepreneur n'hésite pas une seconde. Il fonde Ellicom, en 2002, avant même d'avoir terminé ses études.

Chef de file

Ellicom offre des programmes de formation interactifs pour les entreprises publiques et privées. Avec ses pédagogues, ses graphistes et ses animateurs 3D, la PME est en mesure de créer des programmes d'apprentissage, ciblés et accessibles en ligne, à tous les employés.

Malgré des débuts modestes, la boîte emploie aujourd'hui plus de 80 personnes. Elle est maintenant le chef de file canadien de la formation en ligne, appelé aussi cyberapprentissage. L'entreprise a même connu un taux de croissance de 1000% dans les cinq dernières années.

«Les sociétés canadiennes et québécoises se réveillent depuis quelques années. Leur maind'oeuvre expérimentée travaille sur des gros projets, et est trop occupée pour former les plus jeunes. Ou, pire encore, elle est déjà partie à la retraite sans avoir eu le temps d'enseigner la marche à suivre aux plus jeunes. Ces départs peuvent parfois avoir des répercussions graves sur le fonctionnement d'une organisation. Ce sont des employés chevronnés qui quittent le navire en emportant avec eux leurs connaissances. Ça peut faire perdre une fortune à l'entreprise. Avec le cyberapprentissage, on peut stocker ces connaissances», explique celui qui a été sacré entrepreneur de l'année 2011 au concours Arista, organisé par la jeune chambre de commerce de Montréal.

Casablanca

Le nouveau studio de production, au Maroc, devrait ouvrir ses portes d'ici à la fin du mois de juin. Ce bureau sera une plateforme pour desservir de nouveaux marchés et ainsi profiter de la forte croissance mondiale pour la formation en ligne. Pour l'instant, l'entreprise réalise 95% de son chiffre d'affaires en Amérique du Nord et le reste en Europe, plus particulièrement en France.

Ellicom, qui compte le Collège LaSalle parmi ses clients, s'est servie, de cette relation privilégiée pour faciliter son implantation dans ce pays d'Afrique du Nord. Le collège privé y possède déjà quatre campus. «Casablanca est un des pôles technologiques importants du Maroc. On y parle français et la main-d'oeuvre est très qualifiée. Et en plus, le Collège LaSalle a pu nous donner un coup de main et nous aiguiller. Toutes les meilleures conditions étaient réunies pour cette ouverture», souligne Hugues Foltz.

Ce mordu de voyage, qui a déjà parcouru la planète avec son sac à dos, compte bien visiter ses nouveaux collègues. «Je recommence à avoir plus de temps pour voyager et je le fais maintenant en famille. Mais avec un enfant, et un deuxième en route, c'est un petit peu plus compliqué!»