On ne sait jamais où la vie nous emporte. Parfois, c'est vers les plus hauts sommets, littéralement. «Baby-boomers à l'assaut du mont Mera» est le titre d'une série de deux reportages présentés dans le cadre de l'émission Découverte, à Radio-Canada, dimanche à 18h30.

L'expédition scientifique a eu lieu du 11 mai au 12 juin dernier, au Népal. Ce soir, le deuxième volet de l'aventure entraîne le téléspectateur au coeur du souffle court et des palpitations. Il ne restait que 40% d'oxygène au sommet! C'est aussi une ode au courage, un hymne à la vie devant la beauté du monde et celle de la fantastique machine qu'est le corps. Un corps doté d'un puissant moteur: le coeur.

 

Les baby-boomers Charles Tisseyre et Hélène Leroux, un greffé du coeur et un greffé du rein sont parmi les braves de cette expérience audacieuse, dirigée par le Dr Michel White, cardiologue, chercheur, clinicien et directeur du programme de recherche en défaillance cardiaque à l'Institut de cardiologie de Montréal. Le Dr Michel White, en dirigeant cette expédition, a réussi un exploit unique. La Presse et Radio-Canada soulignent sa détermination et sa dévotion à la science en le nommant Personnalité de la semaine.

Grimper sans peur

Il a troqué pour un temps le confort d'un bureau à l'inconfort d'une pente abrupte et ajouté à son arsenal de médecin cardiologue les crampons et le piolet. Amateur de grande nature et de ski alpin, il reconnaît toutefois qu'il a eu besoin au même titre que ses compagnons d'un entraînement rigoureux, même si ce n'était pas sa première expédition. Il y a eu entre autres le mont Blanc, dans les Alpes, et le mont Sajama, en Bolivie. Toujours en compagnie de greffés, l'un du coeur, l'autre du rein. En tout, quatre expéditions sur trois continents.

C'est un jeune père de famille de cinq enfants âgé de 30 ans, sauvé in extremis par une greffe cardiaque, qui a eu l'idée d'entraîner son médecin dans la grande aventure de l'ascension d'une montagne. «Ma réflexion a été courte. Quel courage! Je suis spontanément admiratif devant ceux qui veulent se surpasser, qui sont déterminés.» Il ajoute: «J'ai appris beaucoup de mes patients. Ils ont contribué à modifier ma vision de la médecine.»

Les transplantations cardiaques sont des exploits d'équipe. Si ce n'est pas lui qui opère, le rôle fondamental du Dr White est de suivre le malade avant et après, de s'assurer de sa bonne récupération, notamment, et d'empêcher le rejet. Ses recherches vont dans ce sens. Elles s'étendent aussi à l'impact d'interventions pharmacologiques. Et il s'intéresse particulièrement au vieillissement cardiaque physiologique et pathologique. «On en connaît très peu encore sur la physiologie du coeur, un système réglé au quart de tour.»

Spécialiste empathique

«Chacune de ces expéditions en compagnie d'hommes et de femmes m'a permis d'en apprendre en général sur l'être humain, mais sur moi d'abord, dit-il. Sur mes forces et mes faiblesses. Sur les forces et les faiblesses des autres. Je sais maintenant bien mieux travailler en équipe, et je suis devenu meilleur, je crois, en gestion de personnel.»

Michel White aura 50 ans le 16 décembre prochain. Comme ceux de sa génération, il bâtit sa vie quotidienne sur une carrière qu'il souhaite réussie. Il y tend en travaillant fort, avec une discipline intense, en se fixant des défis sportifs, en maintenant l'équilibre autant que possible. La cuirasse est légère, il écoute et sympathise; il laisse libre cours à ses émotions face à la souffrance. «La vie n'est facile pour personne. Chacun a son lot d'épreuves. Personnellement, je veux rester modeste et empathique face à mes frères humains.» Des larmes lui viennent spontanément face au succès après un effort considérable, l'atteinte du but fixé, la tentation de l'abandon.

Né à Loretteville, il a été scout durant quatre ans. «C'est de là que me vient ma passion pour les activités de plein air.» Malheureusement, sa mère meurt d'un cancer alors qu'il n'a que 5 ans. «Ce fut une enfance difficile, reconnaît-il. Une perte qui m'a suivi toute ma vie, mais qu'il faut dépasser avec le temps, et accepter.» Son père s'est remarié cinq ans plus tard avec une femme qui s'est très bien acquittée de son rôle de mère de substitution.

La fascination pour la médecine lui est venue très tôt: «Le besoin d'aider le monde», dit-il, conscient du cliché. Plusieurs personnes de sa famille sont d'ailleurs mortes de maladies cardiovasculaires.

À la fois actif et contemplatif par tempérament, Michel White a un besoin «fanatique» de silence, et la solitude lui convient pour renouveler son énergie. Sans angoisse devant le vieillissement ou la mort, il se nourrit d'une vive spiritualité puisée à même sa foi d'enfant, où le sacré est bien présent.

Avec la maturité, les expériences de la vie, il ne craint pas de s'imprégner de certains messages d'autres religions, d'autres croyances, notamment le bouddhisme. «J'apprécie ce que la vie me donne. Je m'émerveille constamment et je rends grâce pour la beauté du monde.»

Une beauté dont le coeur est partie intégrante.