(Québec) La Ville de Québec s’attaque à la baisse inexorable de la population dans son cœur historique, de peur qu’il ne devienne un « Walt Disney en carton ».

Le maire Bruno Marchand a annoncé vendredi deux mesures qui pourraient créer jusqu’à 180 logements dans les prochaines années dans ce quartier où les terrains vacants sont pratiquement introuvables.

La Ville a acquis deux immeubles anciens qui n’étaient pratiquement plus utilisés : le Foyer Nazareth et l’ancienne école Saint-Louis-de-Gonzague. Le prix : 8,3 millions. L’hôtel de ville met aussi en place un programme de subvention à la rénovation pour les propriétaires de logements inoccupés dans certains secteurs, à hauteur de 70 000 $ à 85 000 $ par logement.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Bruno Marchand

« Ça fait plus de 20 ans qu’on voit la population du Vieux-Québec diminuer. On se retrouve dans un cercle vicieux avec de moins en moins de résidants, donc de moins en moins de services et de commerces de proximité, donc de moins en moins de résidants intéressés à venir s’y installer », a indiqué Bruno Marchand.

Le maire dit craindre que le Vieux-Québec perde son âme, envahi par le surtourisme et les Airbnb alors qu’il est délaissé par ses habitants. « On ne veut pas que le Vieux-Québec devienne un Walt Disney de carton », a lancé M. Marchand lors d’une conférence de presse aux côtés de la porteuse du dossier, Mélissa Coulombe-Leduc.

Les secteurs du Vieux-Québec – intra-muros, Place-Royale, Vieux-Port et Cap-Blanc – comptaient 80 habitants de moins au recensement de 2021 par rapport à 2016. Selon les derniers chiffres, il y a maintenant 4609 habitants dans ces secteurs, loin des 5278 de 2006.

La population du Vieux-Québec est en chute libre depuis le milieu du XXe siècle. De nombreux commerces ont fermé. Le Vieux-Québec n’a plus d’épicerie ni d’école publique. L’ancien maire Régis Labeaume avait fait de ce dossier un cheval de bataille, promettant de ramener 500 résidants permanents dans le Vieux-Québec. Ça ne s’est jamais produit.

L’annonce de vendredi devrait permettre d’augmenter l’offre de logements dans le Vieux-Québec, et par le fait même d’attirer de nouveaux résidants, pense le maire. « Cette cascade vers le bas est terminée », a lancé M. Marchand.

L’administration Marchand n’était pas en mesure de dire encore si des promoteurs souhaitent faire des projets dans le Foyer Nazareth et l’ancienne école Saint-Louis-de-Gonzague. Elle ne savait pas non plus encore quand pourraient être prêts ces nouveaux logements.

« On accepte de se mettre en mouvement sans avoir toutes les réponses. C’est ça, préférer l’imperfection au néant. […] Sinon, on n’avance plus », a dit le maire. La Ville pense pouvoir créer 150 logements dans les deux édifices acquis et une trentaine grâce au programme d’aide à la rénovation de locaux vacants.

L’opposition n’a pas manqué de dénoncer une annonce « mal ficelée ».

« Je suis surpris par l’amateurisme qui entoure l’acquisition des deux bâtiments. Ce sont des sommes importantes en jeu, 8 millions. On ne sait pas ce qu’on va en faire, on ne connaît pas l’état des bâtiments… Je m’interroge sur l’empressement », a indiqué M. Villeneuve, qui reconnaît qu’il s’agit globalement d’une « bonne nouvelle ».

La deuxième opposition a quant à elle dénoncé un « show de boucane ». « Pourquoi s’empresser de faire une annonce sans le plan de développement ? On n’a rien à vous présenter », a lancé Patrick Paquet.

* Nous utilisons les données intra-muros pour ce tableau, car cette unité géographique a l’avantage d’être restée la même depuis 1951.