Montréal dispose de tout près de 80 bâtiments vacants, mais aucun d’entre eux ne servira pour l’instant à accueillir des sans-abri ou encore à loger des organismes communautaires, faute de travaux requis pour les remettre aux normes.

C’est ce qu’a confirmé mardi la responsable des infrastructures, des immeubles et du maintien des actifs, Émilie Thuillier, devant la Commission sur les finances lors de l’étude publique du budget.

« En ce moment, malheureusement, il n’y a aucun bâtiment qui est vacant où demain matin, on peut installer des gens, que ce soit des organismes ou encore des personnes pour y habiter. Ce sont vraiment des bâtiments qui ne sont pas mis aux normes et pour lesquels il n’y a pas les conditions pour mettre des personnes à l’intérieur », a expliqué Mme Thuillier.

À ses côtés, la directrice du Service de la gestion et de la planification des immeubles, Sophie Lalonde, a indiqué que ses équipes travaillent toutefois en continu pour « scruter tout le parc immobilier, non seulement le parc vacant, mais aussi le parc qui est occupé, pour voir comment on peut aider à aménager soit des haltes-chaleur, soit des refuges d’urgence ».

Mme Lalonde a néanmoins rappelé que l’ancien refuge du Complexe Guy-Favreau, qui a dû fermer ses portes dans les derniers mois pour laisser la place à des travaux de rénovation, déménagera dans l’ancienne résidence pour aînés Les Jardins Gordon, achetée par la Ville en juin pour y établir des logements sociaux.

« Ce site-là va déjà nous permettre d’accueillir une cinquantaine de personnes en situation d’itinérance, et ce, à tout le moins jusqu’au printemps ou à l’été prochain », a-t-elle assuré.

N’empêche, ce type d’opération est complexe à réaliser dans le contexte du parc immobilier montréalais, affirme-t-elle. « On le fait de façon transitoire, mais c’est vraiment difficile. […] On est très limités soit par la nature du bâtiment, soit la nature des activités qui sont ciblées », a conclu Mme Lalonde.

Dans l’opposition officielle, on déplore que « l’administration Plante veut instaurer une certification Propriétaire responsable alors qu’elle ne montre pas elle-même l’exemple avec ses bâtiments ». « C’est triste de voir que la Ville ne peut pas épauler les citoyens les plus vulnérables, car elle est incapable d’assumer ses responsabilités », soutient le conseiller Benoit Langevin.

En mai, l’administration Plante avait annoncé sa volonté de « durcir les règles du jeu » à l’extérieur de son propre parc immobilier, soit envers les propriétaires d’immeubles vacants ou mal entretenus, avec un nouveau règlement incluant des amendes pouvant atteindre 250 000 $.

À ce moment, la Ville avait évalué qu’environ 800 bâtiments étaient laissés vacants sur le domaine privé, dont environ 150 sont des bâtiments patrimoniaux.

Le nouveau règlement de la Ville exige que les immeubles vacants soient enregistrés, que l’installation de barricades soit limitée dans le temps et que les immeubles vides soient chauffés à au moins 10 degrés Celsius. Le nouveau règlement augmente également de façon importante les amendes qui peuvent être imposées aux propriétaires délinquants.

Avec Philippe Teisceira-Lessard

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