(Québec) Plusieurs députés de Québec ont fustigé jeudi la nouvelle volte-face du gouvernement Legault dans le dossier du tramway et reprochent au premier ministre de manquer de courage, de saboter le projet, d’abandonner la capitale et même de participer à son « atrophie ».

Quatre députés de la capitale ont tour à tour varlopé le gouvernement caquiste, qui a abandonné mercredi soir le projet de tramway de Bruno Marchand. Québec confie à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) le mandat d’analyser en six mois le meilleur mode de transport structurant pour la capitale. C’est en quelque sorte un retour à la case départ, puisque la Ville avait choisi le tramway depuis 2018.

Cette décision aura selon eux comme conséquence de retarder encore davantage le projet de transport en commun structurant à Québec, sinon de carrément le mettre en danger.

Le député solidaire de Jean-Lesage, où devait passer le tramway, s’est dit « en colère et frustré » jeudi matin.

« Ça fait cinq ans que je suis ici comme député de l’opposition. Je n’ai jamais vu la CAQ proposer un projet puis le livrer. C’est du monde qui sont incapables de choisir leur camp, toujours entre deux chaises, toujours en train de changer d’idée. Ils veulent plaire à tout le monde, ils ne font rien », a déploré Sol Zanetti.

Le caucus de Québec de la Coalition avenir Québec (CAQ) a selon lui coulé le projet de tramway. Ce caucus est « rendu la coalition pour l’atrophie de Québec », accuse Zanetti.

Le député péquiste de Jean-Talon, Pascal Paradis, estime que la journée de mercredi « n’est pas une bonne journée pour le transport collectif, n’est pas une bonne journée pour la capitale nationale, n’est pas une bonne journée pour l’autonomie de la ville de Québec ».

« La Ville de Québec demandait la collaboration du gouvernement du Québec, rappelle Paradis, et là, hier, ce qu’on a eu, c’est un dessaisissement complet du dossier. »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHVIES LA PRESSE CANADIENNE

Etienne Grandmont

Le député solidaire de Taschereau, Etienne Grandmont, se demande si la CDPQ prendra en compte le caractère patrimonial de la ville. « Il y a des défis de respect du patrimoine mondial de l’UNESCO, hein ? Je ne sais pas s’ils sont au courant de ça, par exemple », dit-il.

Duclos ne mâche pas ses mots

Quant à lui, le député fédéral de Québec ne mâche pas ses mots devant la volte-face du gouvernement Legault, qui constitue selon lui rien de moins qu’une « tentative de sabotage du projet de tramway ».

« Je suis triste et déçu de la volte-face annoncée mercredi. Cela fait maintenant plus de cinq ans que le gouvernement canadien a promis d’être au rendez-vous et appuie le projet de transport collectif moderne de la Ville de Québec », a réagi le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement du Canada, Jean-Yves Duclos.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Jean-Yves Duclos

Dans un communiqué envoyé aux médias jeudi matin, M. Duclos rappelle que Québec est la seule ville de taille comparable au Canada sans réseau de transport collectif moderne.

« Malheureusement, en raison d’un manque de leadership en transport collectif pour Québec, notre capitale nationale est à risque de voir le plus grand investissement canadien de son histoire lui glisser entre les doigts, écrit le député de Québec. La tentative de sabotage du projet de tramway retarde encore davantage la modernisation de notre transport collectif et en augmentera les coûts. »

La CAQ « c’est patate »

Le premier ministre François Legault a annoncé mercredi qu’il refusait la proposition du maire de Québec. Bruno Marchand voulait sauver son projet de tramway miné par l’explosion des coûts en se passant de consortium. Le maire Marchand disait pouvoir réaliser le tramway de 19 km pour 8,4 milliards.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DE FRANÇOIS LEGAULT

François Legault a rencontré le maire Bruno Marchand mercredi pour lui annoncer qu’il remisait son projet de tramway et repartait à l’étape des études.

Le maire Marchand s’est dit déçu. La Ville de Québec travaillait depuis plus de cinq ans sur ce tracé de 19 km, présenté une première fois au printemps 2018 par l’ancien maire Régis Labeaume. Il devait alors coûter 3,3 milliards.

« Il leur reste trois ans. Moi, je vous le dis, là, on va s’en reparler à la fin de leur mandat, à la fin de leurs huit ans, là, ça va être patate, François Legault, dans la capitale nationale, zéro puis une barre, il n’aura rien livré pendant huit ans », a accusé le chef du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay.