L’entreprise dit vouloir réduire au « minimum » ses émissions de métaux lourds dans l’air de Rouyn-Noranda, mais refuse de chiffrer une cible. Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, est par ailleurs attendu à Rouyn-Noranda ce mercredi.

La Fonderie Horne assure avoir des « plans très concrets » pour réduire ses émissions d’arsenic « au plus bas techniquement possible », mais elle refuse de dire à quoi correspond concrètement ce seuil.

« Je ne peux pas vous dire [de chiffre] », affirme Claude Bélanger, 5 Glencore, la multinationale qui est propriétaire de la fonderie, au cours d’un entretien réalisé lors du passage de La Presse à Rouyn-Noranda, la semaine dernière.

Et si le gouvernement imposait à l’entreprise de se conformer à la norme québécoise limitant les concentrations d’arsenic dans l’air à 3 nanogrammes par mètre cube (ng/m⁠3), alors qu’elles se sont élevées officiellement à 87 ng/m⁠3 en 2021 ?

« Pour moi, c’est une question hypothétique », répond-il.

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Claude Bélanger, chef des opérations cuivre Amérique du Nord pour Glencore.

Je ne peux pas prétendre [savoir] quel sera le niveau demandé par le gouvernement, mais nous […], on n’est pas concentrés à fermer l’usine, on est concentrés à améliorer nos performances d’émissions.

Claude Bélanger, Glencore

La Fonderie Horne vient de terminer une année d’essais d’un nouveau procédé pour l’oxydation et la scorification du cuivre, qui vise à « canaliser davantage les émissions et les capter », explique Claude Bélanger.

Baptisé VELOX, ce projet-pilote réduit le nombre d’étapes requises pour la transformation du minerai en utilisant une technologie qui n’était jusqu’alors pas employée dans le milieu du cuivre, poursuit-il.

« Les conclusions sont positives », assure M. Bélanger, si bien que l’entreprise prévoit maintenant l’implanter à grande échelle, dans une deuxième phase baptisée PHENIX.

Ces projets « structurants » nécessiteront des investissements d’un demi-milliard de dollars dans les cinq à sept prochaines années, indique M. Bélanger, qui dit vouloir aller de l’avant le plus rapidement possible.

« Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de faire avancer les projets », dit-il, soulignant que la pénurie de main-d’œuvre constitue un « défi supplémentaire ».

Pas inquiet

La Fonderie Horne — la seule fonderie de cuivre au Canada — « entend les préoccupations » des citoyens de Rouyn-Noranda à l’égard de ses émissions de métaux lourds.

« On est très sensibles, on se sent responsables et redevables », assure Claude Bélanger, qui a vécu une douzaine d’années dans la ville lorsqu’il était directeur général de la fonderie, dont deux ans dans le quartier Notre-Dame, voisin de l’entreprise.

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Les cheminées de la Fonderie Horne dominent le quartier Notre-Dame

Les émissions ne l’ont jamais inquiété personnellement, assure-t-il, mais il dit « absolument » comprendre qu’elles puissent en inquiéter d’autres.

La fonderie a d’ailleurs acheté et démoli les maisons les plus rapprochées de ses installations et doit terminer d’ici la fin de 2023 une « zone de transition » avec de la végétation.

« On n’est pas fermés à l’idée d’agrandir la zone de transition », indique M. Bélanger, mais la priorité demeure la réduction des émissions « à la source ».

L’idée de déménager la fonderie à l’extérieur de la ville n’est toutefois pas réaliste, estime-t-il.

Si on arrive à cette étape, c’est qu’on arrive à court de solutions.

Claude Bélanger, Glencore

La mairesse exige 3 ng/m⁠3

La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, a exigé lundi que la Fonderie Horne respecte toutes les normes québécoises sur les émissions de métaux lourds, y compris celle de 3 ng/m⁠3 pour l’arsenic, lors d’une séance du conseil municipal à laquelle assistaient plus d’une centaine de citoyens qui la pressaient en ce sens.

« Le statu quo est inacceptable, a-t-elle déclaré. Il faut qu’il y ait des changements majeurs et rapides. »

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La mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire

La mairesse Dallaire monte ainsi le ton, elle qui n’avait pas chiffré ses exigences lors d’un entretien avec La Presse, la semaine dernière, disant alors s’en remettre aux « spécialistes » pour déterminer une cible et un échéancier pour l’atteindre.

« Peut-être que tout réside dans le délai pour y arriver », avait-elle postulé, de son bureau offrant une vue directe sur la fonderie, au loin.

La femme dont les trois enfants et les neuf petits-enfants habitent pour la plupart dans la région, et qui a elle-même passé une partie de sa jeunesse dans les rues du quartier Notre-Dame, s’inquiète pour la santé de ses concitoyens.

Se désolant par exemple du fait que le centre de cancérologie tout neuf de la ville « ne sera pas opérationnel à 100 % avant longtemps » en raison des difficultés de recrutement, elle réclame au gouvernement Legault un « plan global centré sur la santé » de la population d’ici six mois.

En savoir plus
  • 3 200 millions $ US
    Profits anticipés au premier trimestre de 2022 par la multinationale Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne
    SOURCE : BLOOMBERG