Si vous souhaitez faire votre part pour aider les combattants des incendies de forêt au Québec, « n’allumez pas de feu », a résumé lundi la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, qui craint de devoir lutter sur trop de fronts.

Selon les données de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), 19 incendies sont toujours actifs au Québec. De plus, la saison a déjà pris une ampleur démesurée alors que 464 incendies de forêt ont déjà sévi, soit plus du double de la moyenne annuelle des dix dernières années pour la même période, qui s’élève à 231.

La superficie du couvert forestier ravagé a aussi connu une croissance exponentielle par rapport à la moyenne annuelle. On recense plus de 73 240 hectares incendiés, contre une moyenne de 26 850 hectares pour la même période.

« De grâce, évitez de faire des feux », a lancé la ministre en expliquant que la chaleur extrême et la sécheresse qu’elle entraîne créent des conditions parfaites pour la propagation des incendies.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

La ministre Geneviève Guilbault

Geneviève Guilbault souligne que les deux causes majeures d’incendies de forêt sont l’intervention humaine et la foudre. Et comme on ne peut pas contrôler la foudre, on demande la collaboration de la population.

« Il faut éviter de dépasser notre capacité opérationnelle. Il faut éviter qu’on manque de monde à combattre trop de feux à la fois », a imploré la ministre.

Le directeur général de la SOPFEU, Éric Rousseau, qui était présent à la conférence de presse, a déclaré que 95 % des feux recensés cette année sont d’origine humaine.

« Ce ne sont pas des pyromanes qui ont allumé le feu, c’est la mauvaise surveillance, un moment d’égarement ou parce qu’on l’a mal éteint », a-t-il insisté en priant les gens de « ne pas jouer avec le feu » au moment où l’on craint d’être dépassé.

Par ailleurs, son collègue des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, a souligné que l’interdiction d’allumer des feux en secteur boisé s’applique à tout le Québec, jusqu’au Nunavik. Il a aussi rappelé que l’interdiction s’applique aux spectacles pyrotechniques.

Officiellement, les feux d’artifice sont interdits en secteur boisé, mais on demande à ce que l’interdiction soit également respectée dans toutes les municipalités du Québec.

Québec demande également à la population de limiter la consommation d’eau afin de prévenir toute possibilité de pénurie.

L’incendie de forêt qui fait rage au nord du Lac-Saint-Jean demeure le principal foyer hors de contrôle, mais il ne menacerait plus les installations de la centrale hydroélectrique Péribonka 4, a annoncé la ministre Guilbault.

La centrale aurait été sécurisée grâce à une opération de déboisement préventif et à l’installation de gicleurs.

À lui seul, l’incendie qui a pris naissance dans le secteur de la Chute-des-Passes couvre plus de 72 000 hectares, selon la SOPFEU. S’il demeure hors de contrôle, il semble ralentir sa progression.

Lundi, on comptait 250 pompiers forestiers, 40 pompiers municipaux et un total de 400 combattants appuyés par 17 avions-citernes et 40 hélicoptères déployés sur le territoire. Des renforts de l’Ontario, du Manitoba et de l’Alberta collaborent à combattre les flammes.

Si les conditions le permettent, des opérations de brûlage dirigées à l’aide d’une torche doivent être effectuées afin de créer un coupe-feu en brûlant la végétation au sol. On doit aussi poursuivre la construction d’une tranchée en guise de coupe-feu à l’aide de tracteur excavateur.

Évacuations à Rivière-Ouelle

À Rivière-Ouelle, le feu de tourbière représente le deuxième foyer le plus problématique dans la province, mais celui-ci est considéré comme étant sous contrôle. Ce type d’incendie brûle en profondeur plutôt qu’en surface, ce qui cause énormément de fumée.

Pour cette raison, on limite la circulation sur l’autoroute 20 dans la région du Bas-Saint-Laurent. On a également dû procéder à des évacuations préventives, mais il semble que l’évolution favorable de la situation permette aux résidants de rentrer chez eux.

On suggère toutefois aux personnes ayant des troubles respiratoires de ne pas réintégrer leur domicile.

La ministre de la Sécurité publique a reconnu qu’il était impossible pour le moment de dresser un bilan des dégâts sur les propriétés privées dans les secteurs où le feu fait rage.

Toutes les régions du Québec situées au sud d’une ligne imaginaire s’étendant du sud de la baie James, à l’ouest, jusqu’à Blanc-Sablon, à l’est, font l’objet d’un danger d’incendie qualifié d’extrême.

La SOPFEU rappelle que le gouvernement du Québec a mis en place une ligne d’information pour les citoyens : 1-877-644-4545.