Martin Gamache, copropriétaire de la pourvoirie Rabaska, estime à 3000 le nombre de personnes « prises » du mauvais côté de la rivière Piscatosine, au nord du réservoir Baskatong, à Ferme-Neuve. La fermeture précipitée du pont de fer par le ministère des Transports du Québec (MTQ) mercredi dernier après une inspection a donné bien des maux de tête aux vacanciers dans une région comptant de nombreuses pourvoiries et maints sites de camping.

« On a eu une heure pour faire sortir les gens par le pont », a déploré M. Gamache. Les personnes dont l’état physique l’exigeait sont parties en premier.

Les autres ont dû opter pour une voie de contournement, qui passe par la route 117 et la route 13 dans la réserve faunique La Vérendrye. Un détour qui ajoute quelques heures au trajet prévu. « Les gens ont laissé leurs équipements, leurs roulottes, a dit M. Gamache. C’est un chemin forestier, il y avait des risques que ça reste bloqué. »

Des travaux urgents ont nécessité cette intervention rapide. Une section d’une poutre doit être remplacée. La durée de la fermeture de ce lien important avec le reste de Ferme-Neuve devrait être précisée en début de semaine, puisque les travaux commencent lundi, a indiqué le MTQ.

On comprend la raison de la fermeture. Si ça ferme, c’est choquant, mais si le pont était tombé, on aurait été scandalisés.

Martin Gamache, copropriétaire de la pourvoirie Rabaska

N’empêche, le tout se révèle un véritable casse-tête.

« On a dû restreindre la quantité d’essence que les gens pouvaient prendre à notre station [lors de l’annonce de la fermeture], a ajouté M. Gamache. Finalement, un gros tanker est venu remplir notre réservoir ; ça lui a pris quatre heures et demie de route. » Les vivres du restaurant sont acheminés par bateau pour l’instant.

Les services d’urgence comptent aussi utiliser la voie navigable en cas d’intervention. Un véhicule tout équipé a été laissé du côté maintenant coupé de la route habituelle vers l’hôpital. « On s’assure d’avoir toujours une embarcation prête, ça ne prendra même pas deux minutes [de bateau pour les secours] », a expliqué Marc Paquette, directeur des opérations d’Ambulance Y. Bouchard & fils, qui sert le secteur. Il note que l’endroit n’est pas habituellement « très occupé » en ce qui concerne les secours d’urgence, mais tout a été mis en place par prévention. « On est capables de répondre rapidement », a-t-il assuré.

PHOTO FOURNIE PAR LA POURVOIRIE RABASKA

Des milliers de campeurs doivent opter pour une voie de contournement, qui passe par la route 117 et la route 13 dans la réserve faunique La Vérendrye.

Annulations

M. Gamache estime à 50 % le taux d’annulation en raison de la fermeture du pont. Au Camping du Pont de Fer, la propriétaire Sylvie Bouchard a vu ses réservations pour le week-end, une quinzaine, dit-elle, annulées. « Le pire, c’est pour ceux qui sont déjà sur place », croit-elle.

Sylvain Racine est l’un d’eux. Arrivé au camping pour les deux semaines de la construction, il était en colère, hier. « La dernière semaine est scrap », a lancé l’homme de 49 ans. Des amis devaient aller les rejoindre, sa conjointe et lui, dans les derniers jours. Ils ont annulé.

Il devait repartir aujourd’hui, mais attend de voir si le MTQ annoncera la date de l’ouverture du pont. Travailleur autonome, il peut se permettre de commencer ses contrats plus tard ; cela a tout de même une incidence sur sa clientèle et lui.

Josée Nadeau devait partir de Mont-Laurier pour se rendre au Camping du Pont de Fer vendredi matin. Elle devait aller rejoindre sa nièce avec sa sœur, dans ce camping à une cinquantaine de minutes de chez elle où elle se rend chaque été depuis quelques années.

« C’était trop compliqué, juge-t-elle. Même si j’avais pu me rendre au camping sans voiture, c’est plus pratique de l’avoir sur le terrain, avec les glacières et tout. »

Elle a donc décidé d’annuler son séjour. « Ça a juste gâché un peu les vacances », soupire- t-elle.

Des gens interviewés ont évoqué un accident survenu en octobre dernier qui aurait affaibli la structure du pont. Le MTQ n’a pas confirmé l’information. « En date [de vendredi], le Ministère ne pouvait se prononcer sur le fait qu’un véhicule aurait heurté la structure », a répondu hier Gilles Payer, relationniste au MTQ. « Une reconstitution des évènements est en cours. »