Le ministre des Transports, François Bonnardel, ne cache pas son exaspération face à la nouvelle interruption du service de traverse entre Matane, Baie-Comeau et Godbout à la suite de la collision de l'Apollo avec le quai de Godbout, lundi.

« Que voulez-vous ? C'est une saga qui continue », a-t-il laissé tomber, mardi, lorsqu'interrogé par les journalistes sur ce nouvel écueil rencontré par la Société des traversiers du Québec (STQ).

Plus encore, son exaspération l'a amené à faire une promesse que les Gaspésiens et les Nord-Côtiers ne manqueront pas de lui rappeler le temps venu, soit l'achat d'un autre traversier devant servir de navire de relève, et ce, dès le tout début de l'été.

D'ici là, toutefois, il leur demande de s'armer de patience.

« Vous savez, un bateau de relève ça ne s'achète pas sur Kijiji. Ça prend du temps, il faut acheter le bon bateau, il faut faire le bon choix. C'est ce que j'ai dit aux gens de Matane, c'est ce que j'ai dit aux gens de Baie-Comeau quand je les ai rencontrés il y a dix jours.

« Je leur ai promis - promis ! - qu'à partir du 29 juin, quand l'Apollo sera en cale sèche, qu'on aura une option, un bateau de relève », a-t-il affirmé.

Rien ne fonctionne

Dans l'immédiat, cependant, cette promesse n'amènera personne d'une rive à l'autre du Saint-Laurent, pas plus que les mesures palliatives mises en place par la STQ.

Les liaisons aériennes qui devaient permettre aux clients de relier la Côte-Nord et le Bas-Saint-Laurent à compter de mardi matin ont été annulées en raison de la force du vent qui empêche les appareils de décoller et de voler en toute sécurité.

Mardi après-midi, la Société des traversiers a toutefois confirmé la reprise des vols à compter de mercredi selon l'horaire prévu sur son site web.

Et en raison des fortes vagues qui déferlent dans le golfe du Saint-Laurent, le traversier CTMA Voyageur, qui devait prendre la relève du NM Apollo incessamment, n'a pu appareiller comme prévu des Îles-de-la-Madeleine.

La STQ s'attend toutefois à ce qu'il puisse assurer la relève du NM Apollo à la fin de la semaine.

Un échec après l'autre

La proue du NM Apollo affiche un trou bien visible à la suite de la collision avec le quai.

Il a pu se rendre à Matane pour y être réparé, mais on ne sait pas encore à quel moment il pourra reprendre la mer.

La cause de la collision et l'ampleur des dommages ne sont pas encore déterminées, mais une enquête est en cours.

Par ailleurs, l'évaluation de la Société sera complétée par un rapport indépendant provenant, celui-là, du Bureau de la sécurité des transports (BST) ; une équipe d'enquêteurs du BST a été envoyée sur place, comme c'est toujours le cas lorsqu'un accident implique un moyen de transport, et fera son propre rapport à la suite de ses expertises.

Le BST est un organisme indépendant qui mène des enquêtes sur des événements maritimes, de pipeline, ferroviaires et aéronautiques. Son seul but est de promouvoir la sécurité des transports. Le Bureau n'est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales.

« On va avoir un rapport très bientôt sur la situation, mais tout est sur la table. Certainement, il y a des réparations importantes à faire sur l'Apollo », s'est désolé le ministre.

Le NM Apollo, un bateau qui navigue depuis 1970, a été acquis le mois dernier pour 2,1 millions de la compagnie Labrador Marine, une entreprise de Lewisporte, à Terre-Neuve-et-Labrador, pour remplacer le F. A. -Gauthier qui est en cale sèche.

Le navire assurait jusqu'à récemment la traverse du détroit de Belle Isle entre Sainte-Barbe, à Terre-Neuve, et Blanc-Sablon, au Québec.

Le F. -A. -Gauthier, un navire flambant neuf acquis en 2015 d'un chantier italien au coût de 175 millions, est en cale sèche au chantier maritime Davie de Lévis depuis la mi-janvier où ses propulseurs ont été entièrement démontés afin de trouver les raisons des vibrations anormales qui se sont manifestées cet hiver.

Depuis sa mise en service en juillet 2015, le F. -A. -Gauthier a connu de multiples pépins.

Durant ses six premiers mois de navigation, entre juillet 2015 et janvier 2016, pas moins de 128 bris et ajustements ont été répertoriés.