Quatre plaintes au ministère des Affaires municipales, dont une demande de mise sous tutelle, des cadres qui tombent comme des mouches, des suspensions sans solde... Le climat s'envenime à l'hôtel de ville de L'Assomption.

La chef de division aux travaux publics et le directeur de la police s'ajoutent à la liste déjà longue des hauts placés en arrêt de travail à la Ville de L'Assomption. Depuis son élection, le 3 novembre 2013, le maire Jean-Claude Gingras a vu huit directeurs de services lui présenter un billet de médecin pour congé de maladie. Déjà, le directeur des loisirs, le directeur de l'urbanisme, le directeur des services techniques et l'adjointe administrative à la direction générale, la greffière et la greffière municipale étaient en congé de maladie.

L'ex-président de la chambre de commerce et représentant du regroupement des citoyens pour L'Assomption, Claude Ouellet, a déposé une plainte au ministère des Affaires municipales pour que la Ville soit mise sous tutelle.

«Ça fait une quarantaine d'années que je suis en affaires à L'Assomption, et je n'ai jamais rien vu de tel, se désole M. Ouellet. Comme payeur de taxes, je suis inquiet en tabarouette quand il se passe quelque chose comme ça à l'hôtel de ville!» Aussi propriétaire de la résidence pour retraités Jardins de la rivière, M. Ouellet croit qu'«avec un tuteur, [le maire] va se calmer. Depuis ses accusations [d'entrave à la justice], il est parti en belle peur. Il dit qu'il veut congédier du monde, faire le ménage. Il se comporte de façon cavalière avec les gens».

La conseillère municipale Nicole Martel abonde dans son sens: «Tous ceux qui ont des rôles qui impliquent des prises de décisions goûtent à sa médecine. C'est un climat de terreur. C'est invivable.»

Suspensions et congédiements

Deux autres cadres - à la culture et aux ressources humaines - ont été suspendus sans solde au mois d'août. Trois autres ont été congédiés plus tôt cette année.

«J'ai su deux heures avant la séance du conseil [de mardi dernier] qu'il y avait eu ces suspensions et tous ces départs en congé de maladie durant l'été, a dénoncé Mme Martel. Les motifs sont nébuleux.»

Fernand Gendron, conseiller municipal depuis neuf ans, a confié qu'il ne se serait pas présenté aux dernières élections s'il avait su ce qui l'attendait: «J'aime ce que je fais, mais personne n'aurait eu le goût de déposer sa candidature en sachant ce qui était pour se passer.» Il confirme qu'il «y a un stress [parmi les] employés, particulièrement [les] cadres», et que «tout le monde est à bout».

L'UPAC a perquisitionné à deux reprises l'hôtel de ville de L'Assomption depuis moins d'un an. Le maire Jean-Claude Gingras et le directeur général Jean Lacroix sont accusés d'entrave à la justice et ne peuvent pas entrer en contact avec 11 personnes, dont la moitié des conseillers municipaux.

Le maire a aussi été arrêté à deux reprises pour conduite avec les facultés affaiblies et conduite sans permis de conduire.

Quatre plaintes au Ministère

Claude Ouellet n'est pas le seul à dénoncer les agissements de l'administration municipale: le ministère des Affaires municipales confirme que quatre plaintes touchant la Ville de L'Assomption sont en traitement.

Si le gouvernement met la ville sous tutelle, si jamais il est prouvé qu'«il y a défaut dans les faits pour la municipalité de s'administrer», deux membres de la Commission municipale des juges administratifs vont devoir ratifier toutes les décisions prises par le conseil municipal.

La Presse a tenté de parler avec le maire de L'Assomption, en vain.