Depuis minuit, début officiel de la campagne électorale dans plus d'un millier de municipalités québécoises, le Directeur général des élections peut avoir les dépenses des candidats à l'oeil.

Cette année, ce sont surtout les publicités qui seront sous sa loupe, précise Denis Dion, porte-parole. Il s'agit du premier test électoral pour les nouvelles règles de financement édictées par le gouvernement Marois en juin dernier.

«La publicité, c'est 70% du budget. Il y a des règles très précises sur la façon dont elle doit être dépensée. Nous voulons vérifier qu'elle est conforme, bien identifiée, au nom de l'agent officiel.»

Le DGEQ a notamment «pris les dispositions nécessaires pour obtenir toutes les publicités électorales qui paraîtront dans les quotidiens et les périodiques» à partir d'aujourd'hui. Une ligne de dénonciation des fraudes liées aux élections a par ailleurs été affichée sur son site web.

Concrètement, les électeurs de 1103 municipalités et de 13 municipalités régionales de comté devraient voir pousser en plus grand nombre les affiches des milliers de candidats qui se disputent leurs votes. Les dépenses sont maintenant comptabilisées et donnent droit, si on récolte au moins 15% des voix, à un remboursement plus généreux qu'auparavant, soit 70% au lieu de 50%.

Depuis le 21 juin dernier, on ne peut plus donner plus de 300$, à moins d'être soi-même candidat, auquel cas la limite est de 1000$. Le plafond des dépenses admises a de plus été abaissé, le montant variant selon un calcul complexe. À Montréal, un candidat à la mairie peut dépenser jusqu'à 434 793$.

C'est également aujourd'hui qu'on peut officiellement déposer sa candidature, et ce, jusqu'au 4 octobre prochain.

Médias sociaux... et libres

En abaissant les montants maximaux des dépenses, tout en augmentant le remboursement public, «on réduit les besoins, estime M. Dion. Avec des dons maximaux de 300$, la tentation pourrait être grande de recourir à des stratagèmes, des élections clé en main, des enveloppes brunes.»

Contrairement à une perception répandue, il n'est pas illégal d'apposer des pancartes ou de distribuer des dépliants avant la période électorale. Seul hic, «la dépense que ça implique n'est pas électorale, et ne sera pas remboursée à 70%», précise M. Dion.

Fait à noter, les interventions dans les médias sociaux, si elles sont faites par des bénévoles, n'entrent pas dans la comptabilité des dépenses. Il ne s'agit pas d'un «trou» dans la loi, estime le porte-parole du DGEQ. «Ça ne coûte rien, un tweet. On contrôle les dépenses en argent, mais si vous menez une campagne dans les médias sociaux, il n'y a pas de dépenses.»

«Bonne nouvelle pour la démocratie», indique M. Dion, le nombre de partis enregistrés a doublé par rapport à 2009, passant de 37 à 80 demandes.

Pancartes et grand rassemblement

Pour les candidats à la mairie de Montréal, engagés pour la plupart dans une campagne depuis plusieurs mois, la date du 20 septembre ne semble pas être le signal de départ habituel. «Notre campagne électorale est déjà commencée, la vitesse de croisière est déjà atteinte», dit Isabelle Perreault, porte-parole de Denis Coderre. Celui-ci tiendra tout de même son premier grand rassemblement ce soir, où il annoncera ses «grandes orientations» et réunira tous ses candidats.

Verra-t-on surgir des pancartes un peu partout en ville? «On ne fait pas de stratégie ouverte», réplique Mme Perreault.

Aucune hésitation à répondre du côté de l'équipe de Mélanie Joly: «Nous, on pose des pancartes dès minuit. Et [ce] matin, rendez-vous avec le greffier de la Ville pour déposer le bulletin de candidature, avec les 200 signatures», résume son porte-parole, Frédéric Lepage.

En ce qui concerne l'équipe de Marcel Côté, le «grand jour» est déjà passé, note la porte-parole Christine Mitton: «C'était dimanche, quand on a lancé notre plateforme électorale. Mais là, ce qui a changé, c'est que le compteur est parti.» Quant aux pancartes, «on en verra un peu plus» à compter d'aujourd'hui, annonce la porte-parole.

Pour Michel Brûlé, «la vraie date» est plutôt le 4 octobre. «On a jusque-là pour présenter des candidats», rappelle-t-il. Son équipe, Intégrité Montréal, en compte une quinzaine jusqu'à maintenant.

Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, marquera le coup avec une conférence de presse convoquée ce matin.