Un nouveau parti politique fédéral se lance à l'abordage de la Chambre des communes. Le Parti pirate du Canada, né d'une mouvance internationale qui milite pour une réforme du droit d'auteur, demandera sous peu le statut de parti officiel à Élections Canada.

La nouvelle formation, mise sur pied au courant de l'été, a recueilli plus de la moitié des 250 signatures nécessaires pour obtenir son homologation. «D'ici un mois, tout au plus, notre dossier devrait être complet», affirme Jake Daynes, porte-parole et candidat potentiel à la direction du Parti pirate du Canada. Une fois reconnu, le parti pourra officiellement présenter des candidats et, théoriquement, récolter les allocations gouvernementales de 1,75$ par vote reçu.

 

L'idéologie défendue par le parti s'inspire directement de celle du Parti pirate de Suède - le Piratpartiet -, fondé en 2006, dont la popularité dépasse aujourd'hui celle du Parti vert suédois.

Son but premier est de faire modifier les lois sur le droit d'auteur afin de rendre légal le partage de musique, de films et de logiciels grâce aux technologies P2P. À la surprise générale, le parti suédois, mis sur la sellette par la fermeture du site The Pirate Bay, un des principaux sites de piratage au monde, a réussi à faire élire un député au Parlement européen en 2009. Depuis, les principes de base du Piratpartiet ont été repris dans une dizaine de pays, dont l'Australie, la Grande-Bretagne, la Finlande et l'Allemagne, qui ont maintenant tous leur Parti pirate officiel.

«Ce que nous voulons, c'est rendre la culture accessible à tous en renversant le modèle actuel de distribution de contenus, affirme M. Daynes, designer de jeux vidéo. À l'heure actuelle, un artiste gagne environ 8 cents par album vendu. Ce que nous proposons, c'est un modèle de partage libre par internet, complètement légal, grâce auquel l'artiste recevrait bien davantage.»

Le Parti pirate du Canada militera aussi pour la révision de la loi sur les brevets. «Le système de brevets permet à des entreprises d'acheter plein de petits brevets et d'attendre que d'autres entreprises mettent au point des produits qui utilisent ces technologies. Une fois le produit sur le marché, les titulaires des brevets intentent des poursuites. C'est extrêmement nuisible pour l'innovation», estime Stéphane Bakhos, un des 36 Québécois officiellement membres du parti.

Pour faire parler de lui, le Parti pirate a lancé cette semaine son propre site de partage de musique, le Canadian Pirate Tracker, qui utilise le même protocole d'échange que de nombreux sites de piratage illégaux. Exx-Tradition, un groupe québécois qui fait dans le pop-rock sauce trad, y a inscrit trois de ses pièces. «Nous avons établi ces liens avec le parti parce que nous croyons que les lois actuelles sont uniquement favorables aux artistes majeurs déjà établis. Les groupes émergents comme le nôtre, eux, n'y trouvent pas de grand avantage. Les réseaux de distribution traditionnels ne veulent pas de notre matériel», affirme Carl Martin, le chanteur du groupe.

Outre le Parti conservateur, le Parti libéral, le NPD, le Bloc québécois et le Parti vert, Élections Canada reconnaît officiellement 14 autres partis. Parmi ceux-ci, on trouve notamment l'Animal Alliance, voué à la défense des animaux, le Parti marijuana, le Parti néorhino et le Work Less Party, qui consacre ses efforts à faire réduire le nombre d'heures de travail des salariés Canadiens.