L'ancien chef de police de Montréal Philippe Pichet a beau demander aux tribunaux de réintégrer ses fonctions, la suspension était justifiée pour rétablir la confiance de la population à l'égard du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), ont défendu jeudi le ministre Martin Coiteux et la mairesse Valérie Plante.

«Et du côté de Québec et du côté de Montréal, on a agi pour le bien des Montréalais», a soutenu Mme Plante, en marge d'un événement public. «Nonobstant la satisfaction de M. Pichet, ce qui m'intéresse et qui est ma priorité, c'est de rétablir le lien de confiance entre les Montréalais et le SPVM. On a fait ce que l'on devait faire», a commenté la mairesse de Montréal.

Depuis la colline parlementaire, le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a également défendu la décision de suspendre M. Pichet le 6 décembre dernier.

M. Pichet s'est adressé à la Cour du Québec pour forcer Québec et Montréal à le réintégrer à son poste. Ce dernier prétend dans sa poursuite présentée à la Cour du Québec que son sort «équivaut à une destitution par congédiement déguisé».

M. Coiteux a toutefois rappelé que «des événements» l'ont forcé à ordonner une enquête administrative sur le SPVM, puis à relever le chef de ses fonctions.

«Ces circonstances-là, on ne peut pas les effacer, a résumé M. Coiteux. Alors c'est dans ce contexte-là que j'ai pris les décisions que j'ai prises.»

«J'ai assumé mes responsabilités comme ministre de la Sécurité publique dans le meilleur intérêt de la confiance du public et de l'Assainissement du SPVM», a ajouté le ministre.

Selon Valérie Plante, la suspension avec solde (237 000 $) de M. Pichet ne constitue «absolument pas» un congédiement déguisé. Mme Plante n'a toutefois pas indiqué si la Ville de Montréal contestera la requête déposée par M. Pichet.

La requête de M. Pichet indique que celui-ci a été convoqué en février dernier par le directeur général de la Ville, Alain Marcoux, qui lui aurait dit qu'il devait songer à démissionner. C'est également à ce moment, que M. Marcoux lui a demandé de revenir travailler à titre de superviseur des agents de sécurité municipaux.

Depuis la suspension de M. Pichet, c'est le directeur général de la Sûreté du Québec, Martin Prud'homme qui assume la direction du SPVM. Ce changement de garde intérimaire origine d'allégations de malversations au sein de la direction des affaires internes du SPVM, qui ont amené le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, à demander une enquête administrative sur le fonctionnement de l'organisation.

C'est un ancien sous-ministre de la Justice, Michel Bouchard, qui a été mandaté pour faire la lumière sur des allégations de fabrication de preuve à l'unité des enquêtes internes du SPVM.

Dans un rapport dévastateur rendu public en décembre, M. Bouchard a conclu à des «irrégularités manifestes dans la conduite des enquêtes internes». Le dysfonctionnement de la direction, le régime de terreur chez certains cadres et la mauvaise gestion des enquêtes internes ont notamment été soulignés. En outre, des allégations criminelles visant des policiers ont été ignorées par cette division du SPVM.

Les problèmes étaient déjà ancrés au SPVM avant la nomination de Philippe Pichet en 2015, soulignait toutefois le rapport.

Le ministre Coiteux doit décider s'il réintègre Philippe Pichet ou s'il le destitue à la lumière d'un rapport de Martin Prud'homme. M. Coiteux a confirmé que ce rapport lui a bien été rendu. Il le rendra public plus tard, après avoir consulté la mairesse Plante.

Le dossier de M. Pichet doit être entendu en cour au début de juillet.