Une coalition contre la pauvreté s'inquiète d'un programme du gouvernement québécois qui impose des pénalités financières à des bénéficiaires de l'aide sociale qui n'essaieraient pas de trouver du travail.

Depuis le 1er avril, les Québécois qui effectuent une première demande d'aide sociale pourraient perdre jusqu'à 224 $ de leur allocation mensuelle de 650 $ s'ils ne cherchent pas intensivement un emploi, s'ils ne suivent pas de formation ou s'ils ne participent pas à un programme de développement d'habiletés sociales.

Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, salue la volonté du gouvernement d'aider les bénéficiaires à trouver un emploi, mais selon lui, ces derniers ne devraient pas être forcés, ni être punis.

Certaines personnes pourraient ne pas participer au programme Objectif Emploi en raison de leur analphabétisme, de leur mauvaise compréhension ou parce qu'elles souffrent de problèmes de santé mentale, selon le porte-parole.

M. Petitclerc ne croit pas que c'est en imposant des sanctions qu'on pourra aider ces gens. Selon lui, il faut entrer en contact avec ces bénéficiaires en passant par les groupes communautaires et les services sociaux.

D'après Serge Petitclerc, les prestations d'aide sociale actuelles ne permettent pas aux gens de vivre décemment; le fait de couper leurs chèques va aggraver la situation, a-t-il plaidé.

«Un adulte qui vit seul a 648 $. Avec 648 $, t'as à peine la moitié du minimum nécessaire pour couvrir tes besoins de base, donc pour vivre en santé», a-t-il souligné.

«En coupant jusqu'à 224 $ - le montant maximal qui pourrait être coupé -, les gens vont se retrouver avec un montant autour de 424 $. Avec 424 $, t'es même pas capable de te payer un loyer!»

Selon M. Petitclerc, plus de 80 000 personnes entrent dans le programme d'aide sociale chaque année, mais «autant et même plus» d'individus le quittent sur la même période de temps.

«Le taux d'assistance sociale diminue de façon continue ou presque, année après année, depuis le milieu des années 1990 (...) À ce moment-ci, c'est un peu ridicule, honnêtement, et c'est très contradictoire», a-t-il estimé.

«Les gens qui se retrouvent à l'aide sociale et qui ont une réelle capacité à aller sur le marché du travail, ils se retrouvent sur le marché du travail. C'est ça la réalité. Les gens se retrouvent »pognés« à l'aide sociale, ce sont des gens qui se retrouvent avec des difficultés multiples», a-t-il ajouté.

Le ministre défend Objectif Emploi

Le ministre de l'Emploi, François Blais, avait présenté les modalités du programme en juin dernier.

Objectif Emploi comporte une bonification des prestations d'aide sociale, mais aussi deux obligations.

Première obligation: accepter d'être convoqué en rencontre d'évaluation. Deuxièmement, choisir l'un des trois cheminements proposés, pour une durée de 12 mois. Le premier est un retour aux études ou pour obtenir une qualification professionnelle, le deuxième porte sur la recherche d'emploi et le troisième est un programme de développement d'habiletés sociales - pour ceux qui ne sont pas prêts au retour aux études ni à l'emploi, parce qu'ils combattent, par exemple, des problèmes comme la toxicomanie.

Le ministre Blais a martelé que l'objectif du programme n'était pas de punir les gens ou d'économiser de l'argent.

«Au contraire, l'idée, c'est que quand ils arrivent pour la première fois à l'aide sociale, c'est le meilleur moment pour leur donner un encadrement qu'ils n'auront peut-être pas par la suite», avait-il expliqué en conférence de presse.