Le gouvernement Couillard a créé sciemment de la misère humaine pendant des années, en coupant dans les services publics, tout en accumulant des surplus dans les coffres de l'État, selon le chef de l'opposition officielle, Jean-François Lisée.

Au lendemain du dépôt du budget 2018-2019 du gouvernement, le chef péquiste a qualifié la stratégie budgétaire du gouvernement Couillard de «cynisme programmé», car selon lui les libéraux savaient parfaitement ce qu'ils faisaient en effectuant d'importantes compressions budgétaires dans les services publics aux plus démunis pendant les premières années de leur mandat.

En point de presse, mercredi matin, il a qualifié de «révoltant» le parcours politique du gouvernement, qui a agi selon lui «à des fins purement partisanes», espérant récolter plus de votes lors du scrutin du 1er octobre grâce à «un feu d'artifice» de dépenses dans son dernier budget, des annonces rendues possibles grâce aux surplus amassés résultant de ces années de compressions de toutes sortes.

En faisant référence aux derniers rapports du Protecteur du citoyen, M. Lisée a estimé que les plus vulnérables de la société avaient dû faire les frais des coupes budgétaires dans les services publics durant les premières années du mandat Couillard, entamé en 2014.

«C'est ça, la misère humaine créée par les années de compressions» libérales, a lancé M. Lisée, d'abord en point de presse, puis en s'adressant au premier ministre Philippe Couillard durant la période de questions à l'Assemblée nationale.

«Faux», a répliqué le premier ministre, refusant une fois de plus de voir le mot «austérité» associé à son gouvernement.

«Il n'y a pas eu d'austérité. Il y a eu un ralentissement temporaire de la croissance des budgets. Aucun ministère n'a vu son budget diminuer», a-t-il commenté, en mêlée de presse.

Le premier ministre a réaffirmé qu'il avait fait «exactement» ce qu'il avait dit qu'il ferait, lors de son élection en avril 2014.

Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a renchéri, pour défendre à la fois son budget 2018-2019 et la stratégie financière privilégiée par son gouvernement durant tout le mandat.

Il a nié lui aussi la vague de compressions des premières années.

«Nous n'avons pas réduit les dépenses. Nous avons ralenti la croissance des dépenses», a nuancé le ministre.

Croissance en dents de scie

Les documents budgétaires préparés par le ministère des Finances et rendus publics mardi indiquent que les budgets des ministères ont pu ressembler à des montagnes russes ces dernières années.

Le plus important, celui du ministère de la Santé, a beaucoup fluctué au fil des ans. Quelques exemples: il a augmenté de 5,2% en 2012-2013, mais de seulement 1,9 % en 2015-2016, et il fera un bond de 4,6% en 2018-2019. On estime en général qu'une hausse minimale de 4 à 5 % est nécessaire pour couvrir l'augmentation annuelle des coûts de système.

En éducation, la croissance a été de 1,4% en 2014-2015, de 0,6% en 2015-2016 et elle atteindra 5%, en 2018-2019.

Pour l'ensemble des missions de l'État, la croissance budgétaire a été de 1,1% en 2015-2016, de 6,5% en 2017-2018, de 4,7% en 2018-2019, mais retombera à 2,8%, en 2019-2020.