Tandis qu'il assurait samedi que d'éventuelles alliances avec les partis souverainistes ne seraient que «ponctuelles et électorales», le parti Québec solidaire (QS) a changé son fusil d'épaule en congrès national, cette fin de semaine.

À la sortie du congrès, le président et porte-parole par intérim de QS, André Frappier, fraîchement élu par acclamation, a indiqué que les alliances pourraient finalement être plus importantes que prévu.

Si la possibilité de telles ententes avec le Parti québécois (PQ) a été écartée pour le moment, l'attitude des solidaires envers les souverainistes affichés d'Option nationale (ON) était beaucoup plus positive, dimanche.

«On est ouverts à une discussion qui va être plus large, à plus long terme, a lancé M. Frappier. On ne peut pas encore dire sur quoi ça va porter, mais ça pourrait être plus que des ententes ponctuelles. Cela dit, on ne peut pas présumer de la position d'ON.»

À propos du PQ, les solidaires souhaitent se donner le temps d'évaluer sa performance à la tête de la province avant d'entamer des discussions.

«On n'est pas fermés à rien. En mai au prochain congrès de QS, on évaluera la performance du PQ et on se demandera si on envisage des discussions avec eux au sujet d'ententes électorales aux prochaines élections. On reprendra le débat en fonction de la conjoncture du moment», résume M. Frappier, avant d'ajouter qu'actuellement, «ça ne regarde pas bien».

Québec Solidaire s'est vivement opposé au plus récent budget péquiste, qu'il a choisi de ne pas appuyer à l'Assemblée nationale.

André Frappier succède à la députée de Gouin, Françoise David, à titre de président et porte-parole du parti. Cette dernière est maintenant porte-parole parlementaire du parti, un poste auparavant occupé par le député de Mercier, Amir Khadir. QS compte deux porte-parole, dont un est issu de l'aile parlementaire et l'autre doit venir de l'extérieur de l'Assemblée nationale.

Candidat solidaire dans Crémazie aux trois dernières élections provinciales, M. Frappier a déjà annoncé son intention de se présenter une fois de plus dans cette circonscription du nord de Montréal au prochain scrutin provincial. Entre-temps, il hérite, à titre de président et porte-parole, des dossiers de l'organisation électorale et du futur Sommet sur l'éducation.

Québec solidaire a choisi de se mettre en «mode pré-électoral» dès janvier et d'attaquer à ce moment les questions du financement et du recrutement des candidats et des membres. Comme l'a rappelé Françoise David au cours du congrès de la fin de semaine, la possibilité d'élections générales anticipées plane toujours, car le Parti québécois forme un gouvernement minoritaire.

André Frappier a été facteur durant de longues années, puis militant syndical au sein du Syndicat des Travailleurs et Travailleuses des Postes ainsi qu'à la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ). Il a ensuite été président de la section locale de Montréal et membre du bureau de direction du Conseil régional FTQ de Montréal.

Pendant la dernière campagne électorale provinciale, il a été surpris à arracher une affiche de la Coalition avenir Québec (CAQ), furieux que celle-ci eût été placée par-dessus la sienne. Le nouveau porte-parole sera-t-il aussi flamboyant que son prédécesseur, Amir Khadir?

«Je n'ai pas la langue de bois, a-t-il répondu quand La Presse Canadienne l'a questionné à ce sujet. Je dis ce que je pense, généralement sans détour. J'étais fâché qu'un autre parti ait détruit nos pancartes quand il a retiré une affiche de la CAQ. Ce genre d'action ne devrait pas être répétée. Mais je ne suis pas le genre de personne qui ne tourne pas autour du pot.»

André Frappier occupera ses fonctions jusqu'au congrès du printemps 2013 de Québec solidaire, à l'occasion duquel les membres du parti éliront un président et porte-parole avec un mandat de deux ans.