La fonction publique québécoise s'apprête à vivre une «révolution», des bouleversements majeurs pour entrer au XXIe siècle: finis les grands concours d'admission qui regroupaient parfois 5000 personnes, finis aussi les processus d'embauche qui duraient parfois six à huit mois.

Aux prises avec de sérieux problèmes de recrutement dans certains domaines, le gouvernement veut bouger plus vite pour être plus concurrentiel et attirer la jeune main-d'oeuvre. Le projet risque toutefois d'être retardé, voire stoppé en cas de campagne électorale ou de changement de gouvernement.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne diffusée dimanche, la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, responsable de la fonction publique, reconnaît que le projet de réforme constitue ni plus ni moins une «révolution». Selon elle, il était temps de rafraîchir le cadre législatif vieux de plus de 30 ans.

Elle veut faire du gouvernement «le meilleur employeur», pour qu'il attire et retienne ses travailleurs.

Une stratégie vient d'être lancée récemment, en lien avec le dépôt d'un projet de loi sur la fonction publique qui est passé pratiquement inaperçu en mai.

Le projet de loi prévoit la fin d'une pratique vieille de plusieurs décennies, une institution: les grands concours auxquels participent des milliers de candidats chaque année. Ils seront remplacés par des processus de qualification plus fréquents et plus souples.

En fait, le Conseil du Trésor doit être plus «agile», selon un qualificatif qu'on retrouve souvent dans la documentation: il évalue à plus de 15 000 le nombre d'employés réguliers qui devront être embauchés dans les cinq prochaines années, dans un marché du travail déjà en pénurie.

Les besoins de la fonction publique sont particulièrement criants en informatique, en génie et en secrétariat.

En vertu des nouvelles procédures, les candidats seront informés en temps réels des postes à combler, tandis que les gestionnaires pourront embaucher plus rapidement le personnel dont ils auront besoin.

Aussi, il sera aussi plus facile d'embaucher un étudiant au terme de son stage­, ou encore un retraité de la fonction publique.

La stratégie prévoit par ailleurs des «modes alternatifs de résolution de litige», pour éviter en quelque sorte l'accumulation des griefs qui coûtent cher à traiter et qui empoisonne le climat de travail.

Selon Mme Courchesne, il s'agit aussi d'un «changement de mentalités» qui s'imposait, autant à la partie patronale qu'aux syndicats. À ses yeux, il ne «sert à rien de laisser traîner des conflits» qui pourraient être résolus par la médiation ou le règlement à l'amiable, par exemple.