Même si l'ADQ vient de compléter sa session «la plus performante des trois dernières années», ce pourrait être sa dernière, a concédé son chef, Gérard Deltell.

L'ADQ existera-t-elle encore au printemps prochain? «C'est une question tout à fait pertinente», a-t-il avoué ce matin, lors de son bilan de fin de session. Il n'y a toutefois pas répondu. Son parti se donne jusqu'à Noël avant d'annoncer une probable entente, qui devra ensuite être entérinée par les membres.

Un des enjeux est la place du privé en santé. Pour satisfaire l'ADQ, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault accepterait de faire un projet-pilote sur la mixité en santé. M. Deltell a accueilli favorablement cette idée. «On ne pourra pas tout changer d'un coup», a-t-il indiqué. Il serait donc ouvert à une approche des petits pas.

Même si l'ADQ négocie sa fin, elle se vante d'un bilan «éblouissant». Son travail cet automne a été «pertinent et percutant», croit M. Deltell. Il rappelle que c'est sa leader parlementaire, Sylvie Roy, qui avait été la première à réclamer une commission d'enquête, en avril 2009. Mme Roy avait aussi demandé en mars 2010 qu'on mette fin au placement syndical en construction, ce qui vient d'être annoncé avec l'adoption de la loi 33. «Pourtant, à l'époque, on nous traitait de tous les noms», lance M. Deltell.

Le chef se félicite aussi du travail de son député François Bonnardel sur le Plan Nord et les Innus. Il avait dénoncé l'entente avec Hydro-Québec en vertu de laquelle on versait des chèques de 3000$ aux adultes de la communauté Mingan, au lieu de projets plus structurants. «Environ 40% de la population a des problèmes de toxicomanie et d'alcoolisme», rappelait M. Bonnardel.

Autre proposition dont se targue l'ADQ: la création d'un service 911 sur internet pour dénoncer en ligne la pornographie juvénile.

«À quatre députés, on a été plus efficaces que les 45 députés de l'opposition officielle», a avancé M. Deltell.

Il s'explique mal pourquoi cette «efficacité» s'est traduite par un famélique 2,3% d'appuis aux élections partielles dans Bonaventure. «Le fait qu'on discutait avec la CAQ créait peut-être un flou pour l'électorat», a conjecturé M. Deltell. Pourtant, selon les sondages, 15% des électeurs de Bonaventure auraient voté pour M. Legault, soit beaucoup plus que pour l'ADQ.

L'utilité de Legault, selon Khadir

Amir Khadir dénonce farouchement les idées de la CAQ. Mais il croit malgré tout que le parti aura un effet positif: recentrer le débat politique sur l'axe gauche/droite. «François Legault n'est pas très différent du PLQ. (...) Il réfléchit au gouvernement comme si c'était une entreprise», a estimé le porte-parole de Québec solidaire ce matin lors de son bilan de fin de session.

On ne peut pas parler de souveraineté sans parler de justice sociale, croit M. Khadir. «Pour nous, les deux sont indissociables». Il dit avoir amené à l'ordre du jour l'accord économique Canada-Europe, la question des redevances minières et de l'uranium, ainsi que celles des «nationalisations sectorielles», par exemple pour l'or. «Des groupes comme la Coalition pour que le Québec ait meilleur mine ! sont d'accord», dit M. Khadir.

Québec solidaire a aussi popularisé l'idée de «faire la politique autrement», estime-t-il. Il réfère entre autres à la parité homme-femme dans son parti et la gestion décentralisée, avec deux co-porte-parole au lieu d'un chef.

Le parti de gauche se réjouit enfin de son résultat dans Bonaventure - 8,9%, soit près de trois fois qu'aux élections précédentes. Dans les 18 derniers mois, Québec solidaire a augmenté son nombre de membres de 5000 à 7500.