Justin Trudeau a défendu à nouveau, vendredi, la part du budget canadien consacré à la défense, malgré les nouvelles pressions des États-Unis, qui souhaiteraient voir la contribution de ses alliés de l'OTAN augmenter.

Lors de sa première participation à un sommet ministériel de l'OTAN, à Bruxelles vendredi, le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson, a demandé à tous les partenaires de l'Alliance atlantique de présenter d'ici le mois de mai un plan visant à ajuster leurs dépenses militaires afin qu'elles atteignent la cible de 2,0 % de leur PIB.

Le Canada consacre actuellement environ 1 % de son PIB à la défense; s'il voulait répondre aux souhaits de Washington, il devrait donc doubler son budget militaire, qui se chiffre à 19 milliards.

Interrogé vendredi matin à Toronto, le premier ministre Trudeau a repris sa rhétorique sur la question: le Canada contribue à sa juste part, de diverses façons, et sa contribution à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) ne doit pas se mesurer simplement sur le plan du pourcentage du PIB.

«Le Canada a toujours contribué au-dessus de ce qu'on attendrait à un pays de notre taille - on a été là pour livrer sur des missions, sur des engagements importants quand d'autres partenaires ne pouvaient pas ou ne voulaient pas, a réitéré M. Trudeau. Les pays de l'OTAN reconnaissent à quel point le Canada est un partenaire important, fiable, et nous allons prendre les décisions par rapport à nos engagements dans un contexte de ce qui est bon pour le Canada et bon pour notre engagement dans le monde.»

Le premier ministre a cité notamment la prochaine mission de l'OTAN en Lettonie, au cours de laquelle le Canada sera à la tête d'un contingent d'un millier de militaires qui doivent servir de bouclier contre toute velléité de la Russie dans les pays baltes voisins.

Le secrétaire d'État Tillerson n'est pas le premier politicien américain à faire pression sur les alliés de l'OTAN pour qu'ils rehaussent leurs dépenses militaires - le président Donald Trump lui-même est le plus insistant à ce chapitre.

Des responsables libéraux soutiennent cependant en privé que le message américain s'adresse davantage aux alliés européens, et que l'administration Trump apprécie de fait les contributions militaires du Canada en Irak, en Lettonie et en Ukraine.

Par ailleurs, le gouvernement Trudeau met la dernière main à la nouvelle politique canadienne en matière de défense. Cette politique, qui s'étendra sur une vingtaine d'années, devrait être annoncée au début du mois de mai, juste avant le sommet des leaders des pays membres de l'OTAN, le 25 mai. Selon certaines sources, cette nouvelle politique devrait prévoir de nouveaux investissements dans la défense - mais peut-être pas pour tout de suite, compte tenu des délais actuels dans les projets d'acquisition et de la taille du déficit fédéral.