Le discours sera bref, sans fioritures, et reprendra les grands pans du programme des libéraux présenté durant la dernière campagne électorale.

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau présentera aujourd'hui les grandes lignes de ses ambitions pour les prochains mois dans le discours du trône qui sera lu au Sénat par le gouverneur général David Johnston.

Ce premier discours, qui donnera le coup d'envoi de la session parlementaire de quelques jours avant le congé des Fêtes, pourrait bien être l'un des plus courts de l'histoire de la Chambre des communes. «Il n'y aura pas de surprises. Ce sera relativement court. Il indiquera notre intention de remplir nos engagements électoraux», a-t-on indiqué à La Presse hier.

L'un des principaux engagements des libéraux durant la dernière campagne vise à réduire le fardeau fiscal de la classe moyenne - deux vocables qu'a utilisés à profusion Justin Trudeau alors qu'il courtisait les électeurs.

Cette promesse - qui fera passer la deuxième tranche du taux d'imposition des contribuables de 22 à 20,5% pour ceux dont le revenu imposable se situe entre 44 700$ et 89 401$ - doit être mise en oeuvre dès le 1er janvier 2016. Les libéraux comptent financer cette baisse d'impôt en pigeant davantage dans les poches des contribuables qui font un salaire annuel de 200 000$ et plus. Tout indique que le ministre des Finances, Bill Morneau, déposera une motion de voies et moyens aux Communes la semaine prochaine afin de concrétiser rapidement cette promesse.

Lutte contre les changements climatiques

La lutte contre les changements climatiques sera aussi un élément important du discours du trône, indique-t-on, d'autant que le premier ministre Justin Trudeau s'est engagé à convoquer ses homologues des provinces à une rencontre à Ottawa dans les 90 jours après la Conférence de Paris sur les changements climatiques afin d'établir des cibles de réduction de gaz à effet de serre pancanadiennes.

M. Trudeau s'est d'ailleurs rendu à l'ouverture de la Conférence de Paris afin d'affirmer solennellement que le Canada entend faire sa part dans la lutte contre les changements climatiques en réduisant notamment sa dépendance aux combustibles fossiles.

En campagne électorale, les libéraux ont aussi promis d'investir massivement dans les infrastructures au pays afin de soutenir la croissance de l'économie canadienne et d'accorder aux provinces et aux municipalités «un nouveau financement considérable» au cours de la prochaine décennie. Les libéraux comptent investir 60 milliards de dollars de plus durant cette période, soit 125 milliards en tout si l'on ajoute les sommes qu'avait déjà allouées l'ancien gouvernement conservateur.

Financement des soins de santé

Le gouvernement libéral devrait aussi souligner son désir de négocier avec les provinces un nouvel accord sur le financement des soins de santé. Durant la campagne, les libéraux se sont engagés à majorer les transferts aux provinces pour ce programme qui accapare une partie de plus en plus importante des budgets des provinces en raison du vieillissement de la population.

Alors qu'une partie de la machine gouvernementale s'active depuis quelques semaines à mener à bien l'importante opération visant à accueillir 25 000 réfugiés syriens d'ici la fin de février, le gouvernement devrait expliciter ses objectifs en matière d'aide aux réfugiés pour les prochaines années ainsi que son plan pour soutenir la coalition internationale menée par les États-Unis qui lutte contre le terrorisme en Syrie et en Irak.

Un autre dossier prioritaire du gouvernement Trudeau touche l'avenir des peuples autochtones. En campagne, les libéraux ont affirmé avoir l'intention de mettre sur pied «sans délai» une commission d'enquête nationale sur la disparition et l'assassinat de femmes autochtones. M. Trudeau a aussi promis d'établir de nouvelles relations avec les peuples autochtones fondées sur le principe «de nation à nation» et d'investir dans l'éducation et le logement, entre autres.

Six discours mémorables

Le premier

Le tout premier discours du Trône a été lu par le gouverneur général Charles Stanley le 7 novembre 1867.

La reine

La reine Élisabeth II a lu elle-même le discours du Trône le 14 octobre 1957, lors de sa première visite officielle en tant que monarque et chef de l'État canadien.

L'après-guerre

Le discours qui a suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale était entièrement centré sur les défis de l'après-guerre.

Trudeau père

Le nouveau gouvernement de Pierre Elliott Trudeau a promis une réforme parlementaire, une réforme constitutionnelle et l'adoption d'une loi sur les langues officielles, lors de son premier discours du Trône, le 12 septembre 1968.

Loi sur la clarté

Lors du premier discours du Trône suivant le référendum de 1995, le gouvernement Chrétien a annoncé son intention d'adopter une loi sur la clarté pour s'assurer qu'un prochain référendum se jouerait «cartes sur table».

Stop Harper

L'une des images les plus mémorables des discours récents est celle de la page Brigette DePape escortée à l'extérieur du Sénat par le sergent d'armes, une affiche en forme de panneau «Stop Harper» à la main. L'expression a été reprise sur des panneaux d'arrêt à travers le Canada aux dernières élections.

- Hugo de Grandpré