Le ministre des Anciens combattants, Julian Fantino, s'est excusé mercredi à des vétérans avec qui il a eu une altercation la veille. Mais son mea culpa n'a pas apaisé la colère du groupe, qui réclame son congédiement.

Un groupe d'anciens combattants et de représentants de l'Alliance de la fonction publique du Canada souhaitait rencontrer M. Fantino mardi, pour discuter de la fermeture de huit bureaux du ministère des Anciens combattants en région. À leur arrivée à son bureau, on les a informé que le ministre n'était pas disponible, car il était trop accaparé par ses fonctions parlementaires.

M. Fantino a finalement rejoint le groupe, une heure plus tard, au moment où il s'apprêtait à tenir une conférence de presse. Mais les vétérans disent avoir été insultés au cours de cette conversation, au cours de laquelle M. Fantino a demandé à son interlocuteur de cesser de le montrer du doigt.

« Je tiens à leur présenter mes sincères excuses pour la manière dont cette situation a été traitée, a indiqué M. Fantino dans une déclaration écrite. Aujourd'hui, je tends la main à ces vétérans pour discuter de cette erreur et pour leur présenter personnellement à nouveau des excuses. »

Les vétérans et l'opposition n'ont guère été impressionnés par les excuses du ministre.

« Des excuses, ça ne donne rien, a dénoncé dans le foyer du Parlement Daniel Drapeau, un ex-militaire de Valcartier qui a servi au Moyen-Orient. C'est des larmes de crocodile, ça. »

Il affirme que le prédécesseur de M. Fantino dans ce portefeuille, Steven Blaney, était plus respectueux à l'égard des anciens combattants.

« La première chose que je ferais, c'est de me débarrasser du problème, a dit M. Drapeau. M. Fantino ne fait pas la job. »

L'opposition s'en mêle

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, a bondi à pieds joints sur cette controverse.

« Le premier ministre Harper doit faire deux choses immédiatement, a-t-il dit. Il doit d'abord s'excuser aux anciens combattants et, pour prouver sa sincérité, il doit procéder au congédiement de M. Fantino. »

Le chef libéral, Justin Trudeau, a abondé dans le même sens.

« Ceux qui ont servi leur pays et se sont mis en danger pour nous tous méritent notre respect et ils méritent notre courtoisie, a-t-il dit. Les héros canadiens qui ont tenté de rencontrer leur ministre hier n'ont reçu ni l'un, ni l'autre. »

À la Chambre des communes, le premier ministre s'est porté à la défense de M. Fantino.

« Le ministre s'est déjà excusé pour les événements d'hier, a déclaré M. Harper. Le bilan de ce gouvernement et de ce ministre est clair. Nous sommes le gouvernement qui a augmenté d'une façon sans précédent la prestation des services pour les anciens combattants et nous continuerons à le faire. »

Le député conservateur Laurie Hawn, lui-même un ancien combattant, croit que les vétérans ont été manipulés par l'Alliance canadienne de la fonction publique, un syndicat qui s'oppose à la fermeture de comptoirs fédéraux.

En point de presse, M. Hawn a affirmé qu'il est normal pour les vétérans de souhaiter défendre leurs services. Tout comme il est normal pour certains d'exprimer leur hostilité au gouvernement.

« Quand vous mettez ensemble ces deux émotions, c'est une mise en scène parfaite pour la manipulation par l'opposition, par les médias et par l'AFPC et c'est ce qui se produit. »

Le ministre Fantino, l'ancien chef de la Police provinciale de l'Ontario (OPP), n'en est pas à sa première controverse depuis son entrée au conseil des ministres de Stephen Harper.

Lorsqu'il était ministre de la Coopération internationale, M. Fantino a soulevé la controverse lorsqu'il a annoncé à La Presse le gel de l'aide canadienne à Haïti (https://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-canadienne/201301/03/01-4608248-haiti-les-fonds-pour-les-nouveaux-projets-sont-geles.php).

« Le taux de chômage est très élevé en Haïti, a-t-il déclaré. Il y a des centaines de milliers d'hommes et de femmes très capables qui pourraient s'impliquer et nettoyer. Il y a des déchets partout!

Il s'est également attiré les critiques pour avoir utilisé le site de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) pour lancer une attaque partisane contre le NPD.