Les familles canadiennes peuvent s'attendre à une nouvelle réduction de leurs impôts dès que le gouvernement fédéral commencera à engranger des surplus en 2015, affirme le premier ministre Stephen Harper. Dans une entrevue exclusive accordée à La Presse, hier, à son bureau de l'édifice Langevin, le premier ministre réfute les rumeurs voulant qu'il soit tenté de tirer sa révérence en 2014 ou de déclencher des élections hâtives. Il affirme aussi que le Sénat, dans sa forme actuelle, n'a pas d'avenir.

Q En 2015, votre gouvernement prévoit un premier surplus. Quelle doit être l'utilisation responsable de ces surplus?

R C'est essentiel d'atteindre ce surplus avant de le distribuer! Mais je sais très bien que tout le monde pense à cela. Il y a encore du travail à faire pour atteindre cet objectif. Je crois que nous allons l'atteindre. Nous avons indiqué d'une façon générale nos objectifs. Le ministre des Finances a annoncé des objectifs de baisser le niveau de dette pour les années à venir, à 25% d'ici 2021, mais nous voulons ramener la dette au niveau d'avant la crise de 2008 avant le 150e anniversaire de la Confédération en 2017. C'est notre objectif pour la dette. Nous avons annoncé pendant la campagne de 2011 notre désir de baisser les impôts pour les familles de la classe moyenne. C'est aussi un objectif. Et nous continuerons à faire des investissements dans certains programmes qui peuvent améliorer la croissance économique.

Q Vous allez donc adopter une approche équilibrée?

R Notre approche est équilibrée avec des objectifs clairs.

Je peux prédire sans difficulté qu'il y aura plus de demandes que d'argent quand nous aurons notre premier surplus. Le gouvernement devra faire des choix.

Q Quelles sont vos prévisions ou vos attentes concernant l'économie canadienne?

R En général, la situation de l'économie mondiale, dont l'économie canadienne fait partie, reste incertaine. Il y a beaucoup de défis. En même temps, les indices montrent qu'il est probable que nous continuerons à créer des emplois, à avoir de la croissance économique. Ce ne sera pas une grande croissance, mais je suis optimiste. Tous les analystes à travers le monde pensent que le Canada a fait les choses correctement pour l'économie, que nos bases économiques sont très solides, surtout en comparaison avec presque tout autre pays développé. [...] L'économie canadienne est une des rares dans le monde développé qui a maintenant plus de personnes qui travaillent qu'avant la récession mondiale. On doit continuer dans la même voie.

Q Cela fait cinq ans que la crise économique a frappé. Est-ce que vous vous attendiez à ce que les conséquences de cette crise durent aussi longtemps?

R On m'a dit, quand je suis devenu premier ministre en 2006, que les gouvernements doivent toujours faire face à des choses imprévues. Et ce sont les choses imprévues qui vont déterminer la plupart de vos activités. Évidemment, la récession de 2008, l'ampleur de cette récession mondiale, ses conséquences et la reprise très graduelle à travers le monde, sont les faits dominants de notre époque. Personne n'avait prévu cela en 2006.

Q Vous avez déjà exprimé des inquiétudes par rapport à la situation fiscale aux États-Unis. Êtes-vous rassuré à la lumière des derniers développements aux États-Unis?

R À court terme, l'économie des États-Unis montre de vrais signes d'amélioration. C'était clair pendant l'année passée. Je pense que ce sera la même chose pour l'année à venir. À plus long terme, les États-Unis ont une situation fiscale très dangereuse. Ça a changé un peu. Différents compromis durant les deux dernières années ont amélioré un peu la situation. C'est une situation très différente de la nôtre. Nous avons un budget qui sera équilibré en 2015, des années bien avant les autres pays développés. Nous n'avons pas haussé les impôts. Au contraire, nous les avons diminués et maintenus bas pendant la reprise. Nous avons un niveau de dette très bas et des objectifs pour la réduire. C'est une grande différence, pas seulement entre le Canada et les États-Unis, mais [entre] le Canada et la plupart des pays développés.

Q Sur le libre-échange entre le Canada et l'Union européenne, cela va avoir des retombées importantes pour plusieurs années, selon vous?

R Je pense que si on regarde les choses que nous avons faites durant la dernière année, la plus importante c'est l'entente de libre-échange avec l'Europe. C'est une étape historique pour notre pays, de diversifier nos relations commerciales à l'extérieur du continent nord-américain. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, en 2006, le Canada avait seulement cinq ententes de libre-échange. [...] Aujourd'hui, nous avons des ententes avec 42 pays, un accès de libre-échange à plus de la moitié de la production économique mondiale. La diversification de nos relations commerciales est une grande transformation qui aura des retombées pendant plusieurs années. Ça va créer des dizaines de milliers d'emplois.