Dégoûté lorsque le scandale des dépenses au Sénat a éclaté, et songeant même à démissionner, le sénateur Jacques Demers se dit maintenant rassuré de voir toutes les mesures entreprises pour faire le ménage, dont les appels à la GRC.

Et malgré les accusations de l'opposition qui reproche au premier ministre d'avoir défendu la sénatrice Pamela Wallin - dont les réclamations de frais de déplacement viennent d'être qualifiées de «troublantes» par un comité sénatorial - M. Demers dit toujours avoir confiance en Stephen Harper.

En mai dernier, lorsque les comptes de dépenses indus de quatre sénateurs, surtout celles de Mike Duffy, avaient secoué la Colline Parlementaire, l'ex-entraîneur du Canadien de Montréal avait été tellement affecté qu'il s'était dit en période de réflexion sur son avenir au sein du Sénat.

Au lendemain du dépôt d'un rapport comptable blâmant la sénatrice Wallin et d'un rapport d'une ordonnance d'un comité sénatorial lui imposant de rembourser au Trésor public plus de 120 000$, le sénateur Demers, en entrevue avec La Presse Canadienne, dit y voir l'intention de tous d'aller jusqu'au bout dans ces dossiers.

«Quand on a décidé de mettre la GRC dans les dossiers, et Deloitte, je suis 100% d'accord avec cela, mais encore plus la GRC. Eux, ils ne patineront pas avec cela», clame le sénateur conservateur nommé par M. Harper en 2009.

Car M. Demers mise beaucoup sur l'intervention de la GRC - appelée en renfort par le Sénat pour les cas des dépenses de Mike Duffy, Mac Harb et Patrick Brazeau - pour déterminer si des actes criminels ont été commis, impliquant l'argent des contribuables. La GRC n'a pas encore indiqué si elle allait enquêter sur Pamela Wallin.

Selon le comité sénatorial chargé d'étudier l'affaire, Mme Wallin a réclamé des frais de déplacement, dont de nombreux billets d'avion pour des affaires non reliées au Sénat et le sénateur Duffy s'est fait remettre indûment des allocations pour une «résidence secondaire» à Ottawa alors qu'il a été jugé qu'il s'agissait de sa résidence principale.

«Je vois que des progrès se font. Je vois qu'on est sérieux à nettoyer une fois pour toutes», a déclaré Jacques Demers mercredi.

«Parce que tu n'as pas le droit de toucher à l'argent des contribuables», a-t-il répété maintes fois lors de l'entrevue.

«Il y a beaucoup de Québécois qui ont de la difficulté à arriver tous les jours, à nourrir leurs enfants (...) sans que des sénateurs dépensent de l'argent et disent: «on n'était pas au courant'».

Dans le cas de Mme Wallin (au caucus conservateur jusqu'à ce qu'elle le quitte dans la foulée de ce scandale), le sénateur Demers dit ne pouvoir comprendre toutes ses «erreurs» dans sa comptabilité. Il affirme qu'à son arrivée au Sénat, il lui a été expliqué ce qu'il pouvait ou non facturer et qu'il y a de nombreuses personnes qui peuvent être consultées en cas de doute.

Jacques Demers maintient que si des sénateurs ont commis des actes criminels, ils devraient être mis à la porte du Sénat. Ils devront en payer le prix, dit-il.

«Et moi je ne veux pas travailler avec eux», insiste-t-il, sans toutefois dire s'il quittera la Chambre haute si ceux trouvés fautifs ne sont pas expulsés.

Le premier ministre Stephen Harper garde toute sa confiance, même si ce dernier avait défendu la sénatrice Wallin en février. Selon lui, M. Harper n'avait alors pas toute l'information en main.

Il se dit «convaincu qu'il (Stephen Harper) n'a pas essayé d'être malhonnête».

«Mais s'il y a quelque chose qui sort dans deux ou trois semaines, j'aurai peut-être une autre façon de le dire».

«La première chose que tu veux faire, c'est défendre tes joueurs», dit-il pour expliquer les actes de M. Harper. «Puis là, tu t'aperçois que le dossier devient plus gros», dit le sénateur, loyal au chef des conservateurs.

Toute cette affaire l'a ébranlé, dit-il, lui qui était fier d'être un sénateur.

«Partout où je vais, les gens me regardent et posent des questions. Je me sens coupable et je sais que je n'ai rien fait de mal», explique M. Demers.

«On (les sénateurs) a mangé une méchante claque à cause de cela».

Il a indiqué qu'il y aurait des rencontres spéciales en septembre pour les sénateurs. Ce qu'il voit d'un oeil très positif.

«On va remettre le Sénat comme il était avant», dit-il avec enthousiasme.

Mais tant et aussi longtemps que les quatre dossiers ne sont pas clos, sa période de réflexion, annoncée en mai, ne sera pas terminée, précise-t-il.

«Et je suis les dossiers de très près».