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Les députés fédéraux passent de moins en moins de temps au Parlement - ils y ont siégé pendant 119 jours cette année - et adoptent de moins en moins de lois.

Cette tendance est inquiétante selon un expert en matière de procédure parlementaire de l'Université Queens, Ned Franks.

«Si l'on se penche sur les 40 dernières années, le Parlement siège beaucoup moins et accomplit beaucoup moins de choses», a-t-il expliqué.

M. Franks craint que les gouvernements cherchent à compenser pour des sessions plus courtes en regroupant dans d'imposants projets de lois omnibus une variété de législations sans rapport entre elles.

Selon M. Franks, une telle façon de faire réduit le temps consacré à l'étude minutieuse des projets de loi et laisse les électeurs dans le brouillard quant aux vraies intentions du gouvernement.

Mais le problème existait bien avant l'arrivée au pouvoir de Stephen Harper en 2006. Selon le politologue, le nombre de jours travaillés par les députés canadiens a atteint des sommets entre 1969 et 1974. Au cours de cette période, le Parlement a siégé en moyenne pendant 163 jours.

Depuis, ce chiffre a diminué de manière constante pour atteindre un record à la baisse de 105 jours travaillés entre 2004 et 2008.

Mais au cours des deux dernières années durant lesquelles il n'y a pas eu d'élections, M. Franks constate qu'il y a eu une légère amélioration puisque le Parlement a siégé pendant 130 jours en 2009 et 119 jours en 2010. Malgré cela, le politologue n'est pas impressionné par ce résultat puisque cela demeure en deçà des 135 jours durant lesquelles le Parlement devrait siéger.

En terme de productivité, ce dernier a atteint un nouveau record à la baisse. Selon M. Franks, seulement 45 pour cent des projets de loi présentés par le gouvernement Harper ont reçu la sanction royale.

Et la difficulté de diriger un gouvernement minoritaire n'est pas la seule cause de cette faible performance. Lors des années 1960, le gouvernement minoritaire de Lester Pearson avait quant à lui réussi à faire adopter 86 pour cent de ses projets de loi.

Ned Franks soutient cependant que cela ne veut pas dire que le gouvernement Harper légifère moins. Il rappelle que le gouvernement a inclus environ la moitié de la législation qu'il voulait faire adopter dans un seul projet de loi. Une tendance qu'il trouve d'ailleurs très inquiétante puisque le pays n'a tout simplement pas vu ce qu'il s'était passé.