En pleine euphorie postolympique, Stephen Harper et ses députés lanceront cette semaine une nouvelle session parlementaire afin d'aider le pays à traverser une fragile reprise économique.

En décidant de reporter de cinq semaines la reprise des travaux parlementaires, à l'origine prévue pour le 25 janvier, le premier ministre espérait peut-être alors que son gouvernement tirerait profit de la ferveur patriotique découlant des Jeux olympiques de Vancouver.

Mais les conservateurs devront plutôt retourner au travail en étant engagés dans un coude-à-coude avec les libéraux: l'avance dont ils jouissaient juste avant Noël dans les intentions de vote s'est estompée face au mécontentement de la population devant la décision de M. Harper.

Ce dernier a argué que le délai était nécessaire pour permettre à son gouvernement d'établir des priorités en vue de l'élimination du déficit.

Stephen Harper devra donc prouver que du travail a bel et bien été abattu, mercredi, dans le discours du Trône, et jeudi, au dépôt du budget.

Les conservateurs ont déjà indiqué qu'il n'y aura dans le budget aucune dépense surprise d'envergure ou de nouvelles mesures fiscales.

Le gouvernement continuera la deuxième phase de son plan de relance de l'économie, dévoilé dans le budget de l'année dernière, laquelle prévoit 19 milliards $ en dépenses pour stimuler l'économie. Ottawa va également donner un aperçu de son plan à long terme, qui commencera l'année prochaine, pour réduire le déficit record de 56 milliards$.

Tout cela conduit cependant les députés de l'opposition à se demander pourquoi le gouvernement avait besoin de temps.

«Tous les signes venant du gouvernement (donnent à penser) qu'ils travaillent énormément et accoucheront d'une souris», a lancé le leader parlementaire libéral, Ralph Goodale, au cours d'une entrevue.

Mais les conservateurs assurent que le gouvernement a fait bon usage du délai, même si le discours du Trône et le budget seront dépourvus de grandes surprises.

S'il n'en tient qu'à l'opposition, l'absence d'une nouvelle ligne d'action prouve que Stephen Harper a reporté la reprise des travaux pour d'autres motifs. Plus précisément, pour faire dérailler l'enquête qu'elle avait entreprise sur les prisonniers afghans capturés par le Canada qui auraient été torturés par les autorités afghanes.

Sur cette question, les trois partis de l'opposition entendent reprendre les choses précisément là où elles avaient été laissées avant Noël. L'opposition demande au gouvernement de se soumettre à la motion approuvée peu avant la prorogation des travaux lui ordonnant de fournir tous les documents non censurés en lien avec la controverse sur les détenus afghans.

Jusqu'à présent, le gouvernement a refusé de se conformer à la motion, risquant ainsi d'être reconnu coupable d'outrage au Parlement et de provoquer une crise constitutionnelle.

De son côté, le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette, s'est dit encouragé par le fait que le gouvernement a accepté de former à nouveau le comité spécial sur l'Afghanistan, qui menait l'enquête sur la controverse des prisonniers. Il croit également que le gouvernement capitulera à propos des documents.

«S'ils (les députés conservateurs) veulent travailler avec une certaine efficacité en Chambre, ils doivent comprendre qu'ils forment un gouvernement minoritaire et qu'ils doivent travailler avec l'opposition», a-t-il fait valoir au cours d'une entrevue.

De son côté, le chef du Nouveau Parti démocratique affirme que M. Harper devra démontrer qu'il est prêt à collaborer s'il veut éviter des élections ce printemps.

«Tout dépend de ce qu'il propose dans le budget», a expliqué Jack Layton lors d'une entrevue.