(Ottawa) Alors que le gouvernement français aurait changé son fusil d’épaule en décidant d’inviter des responsables russes à une commémoration du jour J la semaine prochaine, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que tous les pays impliqués dans la victoire de la Seconde Guerre mondiale doivent être reconnus.

Cela inclut la Russie, malgré le « désaccord extrême » du Canada avec son invasion actuelle de l’Ukraine, a mentionné M. Trudeau.

« Nous allons continuer de souligner notre désaccord avec la Russie et le régime actuel, même pendant que nous reconnaissons le travail que nous avons tous fait ensemble en tant qu’alliés pour lutter contre le nazisme et pour libérer la France et l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale », a déclaré M. Trudeau en français à des journalistes à Toronto.

Justin Trudeau a affirmé que Moscou devait être tenu responsable de toute violation des règles fondamentales relatives au respect des frontières souveraines et que son message à tous les responsables russes a toujours été le même.

« Si les lignes sur une carte peuvent être redessinées par un voisin doté d’une armée plus nombreuse, alors la période de stabilité que nous avons connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale prendrait fin. Et la prospérité et les opportunités disponibles, pas seulement pour les peuples au sein de démocraties occidentales, mais partout dans le monde, seraient en danger », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse, jeudi.

Justin Trudeau a fait ces commentaires après avoir été interrogé sur les informations parues en ce sens dans les médias européens la semaine dernière, et s’il soutiendrait la participation de la Russie.

Mission Libération, le comité gouvernemental français organisant les commémorations du 80anniversaire du jour J, a annoncé la semaine dernière aux médias européens qu’il avait invité des responsables russes.

Le groupe a refusé de partager les mêmes informations jeudi, quelques heures avant que les médias ne rapportent que le bureau du président français Emmanuel Macron avait déclaré que la Russie ne serait pas invitée.

Aucune invitation n’a été adressée au président Vladimir Poutine, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre liés au transfert forcé d’enfants depuis l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que le président ukrainien Volodymyr Zelensky assisterait aux cérémonies, tout comme Justin Trudeau et le président américain Joe Biden.

Le porte-parole du Bloc québécois en matière d’affaires étrangères, Stéphane Bergeron, a prédit qu’il y aurait un « malaise » lors des commémorations, tandis que le député libéral John McKay a déclaré que M. Trudeau devrait préparer un message à tous les responsables russes qu’il rencontrerait.

« Ça doit être simple, ça doit être direct, et ça doit être que Poutine quitte l’Ukraine maintenant », a soulevé M. McKay.

L’ambassade de Russie à Ottawa et le Congrès ukrainien canadien ont été invités à commenter, mais n’ont pas donné de réponse immédiate.

En 2014, l’ancien premier ministre Stephen Harper a déclaré que la Russie devrait participer aux commémorations du 70anniversaire du jour J.

« Évidemment, quelles que soient les difficultés contemporaines que nous rencontrons avec le régime actuel –  et elles sont évidemment immenses – je ne pense pas que nous voulions diminuer d’une manière ou d’une autre la contribution soviétique et russe à l’effort de guerre, qui était évidemment énorme à l’époque », avait alors déclaré M. Harper, quelques mois seulement après l’annexion de la Crimée par la Russie.