(Québec) Le gouvernement Legault devra avoir le déficit structurel et les agences de crédits en tête lorsqu’il prendra la décision d’emboîtant le pas ou non du fédéral, qui augmente l’impôt sur les gains en capital, affirme Pierre Fitzgibbon.

« Je regarde le déficit structurel qu’on doit combler […] Est-ce qu’on reste insensible à ça ? Mettez-vous à la place du ministre des Finances, M. Girard, qui doit aller voir les agences de crédit au mois de mai. Et on dit le fédéral fait ça, nous on ne le fait pas ? On ne fait pas d’autre chose ? », a dit le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon à l’étude des crédits de son ministère, jeudi, à l’Assemblée nationale.

La veille, son collègue Eric Girard a confirmé que le gouvernement du Québec est en réflexion à la suite du dépôt du budget fédéral. Il a rappelé que Québec a toujours suivi Ottawa lors de changements sur l’imposition des gains en capital, et il a indiqué que le Québec récolterait de trois à cinq milliards en cinq ans de cette façon.

M. Fitzgibbon a indiqué que cette hausse de taxe rapporterait donc de 500 à 700 millions par année, et serait payée par environ 10 000 personnes.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie

Il y a une rigueur financière qu’on doit avoir en tête avant de dire « non, on n’harmonise pas »

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie

Les libéraux s’y opposent

Son vis-à-vis libéral, Frédéric Beauchemin s’y oppose. Il estime que le Québec devrait faire bande à part et ne pas suivre Ottawa, qui fait passer le taux d’inclusion – la portion du gain en capital qui est imposable – de 50 % aux deux tiers pour tout ce qui dépasse 250 000 $.

« Cette taxe-là est une taxe contre l’innovation, contre la productivité, une taxe contre l’entrepreneuriat. C’est très régressif comme système », a déploré M. Beauchemin, qui s’inquiète pour les jeunes PME et les propriétaires de triplex.

M. Fitzgibbon lui, s’est montré davantage sensible aux entrepreneurs qui souhaitent vendre ou léguer leur entreprise.

Il y toute la question des gains en capitaux sur les investissements en action ou pour les chalets, je suis un peu moins sensible à ça. Je suis plus sensible aux PME.

Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie

Repreneuriat

Il a indiqué que sa préoccupation immédiate se situait au niveau du « reprenariat ». « J’étais avec 50 entrepreneurs, plusieurs ont mentionné que ça va avoir un impact sur le transfert ou la vente d’entreprise. Il va falloir y réfléchir », a dit M. Fitzgibbon.

« S’il y a harmonisation, on va devoir regarder quel est l’impact pour les PME et s’il faut un programme spécifique pour contrecarrer ça », a-t-il ajouté.

De son côté, le Parti québécois a déjà proposé un taux d’inclusion à 100 % en 2012, mais ce n’est plus le cas. « À partir du moment où on décide de ne pas le faire puis qu’on ne le met pas dans le programme de l’élection, bien, ça n’existe plus pour nous », avait dit le député Joël Arseneau mercredi. M. Bérubé a ajouté jeudi « on n’a pas de position, mais on vous reviendra ».

Québec solidaire y est favorable.