(Ottawa) Le Parti conservateur, le Parti vert et le Bloc québécois ont annoncé qu’ils voteront contre le budget présenté par la ministre des Finances, Chrystia Freeland, mardi après-midi. Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a pour sa part dit vouloir s’entretenir avec le premier ministre avant de prendre position sur le budget.

« On a forcé le gouvernement à mettre en œuvre des éléments dans ce budget pour aider les gens », a affirmé le chef du NPD, lors d’un point de presse à la suite du dépôt du budget.

Il a notamment vanté la présence de l’assurance médicaments et de mesures d’aide aux locataires dans le document. « Si les néo-démocrates [n’avaient] pas mis de la pression sur le gouvernement, le gouvernement libéral n’aurait jamais fait tout ça », a soutenu M. Singh.

« On a aussi des inquiétudes dans ce budget, concernant le fait qu’ils vont couper 5000 travailleurs dans le secteur public, le fait qu’ils n’ont pas un plan pour régler l’écart de financement pour les communautés autochtones, pour l’infrastructure et le logement », a nuancé le chef du NPD.

« Je veux entendre c’est quoi le plan du gouvernement libéral, c’est quoi le plan du premier ministre pour régler ces inquiétudes », avant de prendre une décision concernant le budget, a-t-il ajouté. Selon lui, « maintenant le ballon est dans la cour des libéraux ».

Il a aussi profité de l’occasion pour lancer une pointe aux conservateurs.

« Les conservateurs veulent couper tout ça. Ils veulent couper […] l’assurance-médicaments, couper les investissements dans les garderies, ils veulent couper l’aide pour les soins dentaires », a dit M. Singh.

Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a soutenu en Chambre que les « conservateurs du gros bon sens » voteront contre le budget.

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Pierre Poilievre

« Ça fait le neuvième budget déficitaire après que le premier ministre a promis que le budget allait s’équilibrer par lui-même. Et toutes les choses sur lesquelles il dépense sont rendues pires », a affirmé M. Poilievre.

M. Poilievre a énuméré l’augmentation du coût des loyers, des paiements hypothécaires et du prix des aliments.

Le budget du gouvernement libéral prévoit un déficit de 39,8 milliards.

« Après neuf déficits, le gouvernement est riche, et le peuple est pauvre, a-t-il poursuivi. C’est la raison pour laquelle les conservateurs de gros bon sens voteront contre ce pompier pyromane qui arrose le feu inflationniste qu’il a allumé avec l’essence et non pas (de) l’eau. »

Le chef adjoint du Parti vert, Jonathan Pedneault, a qualifié le document de « budget de peanuts ».

« On a ici du “checkbox”. On “check” chacune des petites boîtes, des petits critères, des demandes de plein de monde, mais quand on regarde dans le détail, on voit très bien que les ressources ne sont pas là pour faire face aux défis qu’on affronte tous les jours », a-t-il affirmé.

« Ce qui est surprenant par exemple, c’est de voir les néo-démocrates sembler aussi satisfaits de l’extraordinaire travail qu’ils auraient fait avec les libéraux, pour apparemment régler les problèmes de fond auxquels font face tellement de familles qui sont dans la misère à travers le pays », a-t-il ajouté.

Il a également déploré le peu d’investissements en ce qui concerne la crise climatique, alors que cela est, selon lui, directement lié à l’équité intergénérationnelle.

Le Bloc dénonce « l’ingérence » d’Ottawa

Le chef du Bloc québécois (BQ), Yves-François Blanchet, a affirmé que le budget est « la grande messe des ingérences ».

« C’est une attaque sans vergogne contre les juridictions du Québec et des provinces », a déclaré M. Blanchet lors d’un point de presse. Il a notamment déploré que le gouvernement intervienne dans les affaires d’Hydro-Québec.

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Yves-François Blanchet

« J’ai envie de dire à M. Trudeau, s’il est à ce point-là fasciné par les infrastructures municipales, ou les services de santé, ou toutes ses autres ingérences en matière de langue et de culture ou autre, s’il veut à ce point-là faire de la politique provinciale plutôt que de s’occuper des compétences d’Ottawa, je lui suggère d’essayer de devenir premier ministre de l’Ontario », a déclaré le chef du Bloc.

Le chef du BQ a aussi souligné « l’abominable déficit » qui se trouve dans le budget, et déploré qu’il n’y ait « rien pour les aînés » et « rien pour couper les subventions aux pétrolières ».

Pour M. Blanchet, il n’y a aucun doute que le NPD va supporter le budget des libéraux. Son parti votera cependant contre le budget.

« Ce n’est pas le budget des jeunes, ce n’est pas le budget du logement, ce n’est pas le budget des entreprises, a dit M. Blanchet. C’est le budget de Justin Trudeau, des libéraux, et du NPD qui essaient de se “gosser” une bouée de sauvetage dans leur détresse électorale actuelle. »

« Le déséquilibre fiscal, combiné au pouvoir du gouvernement de dépenser, permet au gouvernement d’Ottawa d’entrer avec ses grosses bottines dans les compétences et dans les juridictions du Québec et des provinces », a soutenu M. Blanchet.