De Québec à Ottawa, découvrez ce qui a retenu l’attention de nos correspondants parlementaires cette semaine.

Citation de la semaine

La réponse est simple, c’est non. C’est non. Il n’est pas question de tolérer ce nouvel envahissement des champs de compétence du Québec de la part du gouvernement fédéral, qui veut arriver avec de nouvelles conditions, qui veut se mêler de nos affaires.

Le ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-François Roberge, qui a dénoncé le plan d’aide aux locataires présenté par Ottawa

Chiffre de la semaine

10 000

C’est le nombre de fonctionnaires en équivalent temps complet (ETC) qui se sont ajoutés aux effectifs des ministères et des organismes depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui avait promis de réduire la taille de la fonction publique. C’est une hausse de 14,4 %.

L’éclipse caquiste

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre François Legault

Il en va des points de presse de François Legault comme des intentions de vote en faveur de son parti : ils sont en baisse dramatique. Le premier ministre s’adresse de moins en moins aux correspondants parlementaires. Il balaie de revers de la main les questions. Il s’éclipse, pour utiliser une image au goût du jour. Le comble est survenu mercredi lorsqu’il a été questionné sur sa promesse rompue de réduire la taille de la fonction publique : « Je vous souhaite une bonne journée. Le Canadien a gagné contre l’Avalanche du Colorado, ce n’est quand même pas rien ! »

De Gerry Boulet… à Julie Masse

Les députés font parfois preuve d’imagination pour trouver une formule accrocheuse et faire valoir leur point de vue au Salon bleu. La libérale Jennifer Maccarone a quant à elle décidé de piger dans les classiques de la chanson québécoise pour attaquer le bilan de la CAQ en matière de création de places en garderie. « Comme disait Gerry Boulet : vous leur avez monté un beau grand bateau », a-t-elle lancé à la ministre de la Famille. Suzanne Roy a été inspirée : le lendemain, quand Mme Maccarone est revenue à la charge, la ministre de la Famille a brandi un tableau montrant le nombre de places non subventionnées converties sous le gouvernement libéral. « Je pense que Julie Masse dirait : c’est zéro ! »

La loi Françoise David dérange Paul St-Pierre Plamondon

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon

Paul St-Pierre Plamondon n’aime pas l’appellation « loi Françoise David ». « La loi ne s’appelle pas la loi Françoise David. […] Y a-t-il une loi Véronique Hivon en matière de fin de vie ? Y a-t-il une loi Pauline Marois ? », a-t-il dit mardi en point de presse. Le chef péquiste estime qu’il s’agit de « marketing » de la part de Québec solidaire, qui fait son « autopromotion », mais que les journalistes ne devraient pas rebaptiser les lois de cette façon, « surtout que Québec solidaire n’était pas au pouvoir ». Il est toutefois extrêmement rare qu’un projet de l’opposition soit adopté par le gouvernement, comme ce fut le cas en 2016. À ce moment, la loi, portée par Françoise David, indiquait qu’un aîné de plus de 70  ans avec un revenu très faible et qui habite son logement depuis plus de 10 ans ne pouvait être évincé. Jeudi, le Réseau FADOQ, qui représente 550 000 membres et qui est le plus grand organisme d’aînés au Canada, demandait d’ailleurs « l’élargissement de la loi Françoise David », à 65 ans.

Budget fédéral : mise en bouche

PHOTO JENNIFER GAUTHIER, REUTERS

La ministre des Finances, Chrystia Freeland

Aux grands maux les grands remèdes. Malmenés par Pierre Poilievre et ses troupes dans les intentions de vote, Justin Trudeau et ses ministres essaient une nouvelle formule : au lieu que le traditionnel service après-vente du budget fédéral soit assuré, il a été décidé de faire un service avant-vente. Divulgâcheur : les millénariaux et la génération Z, chez qui le message de Pierre Poilievre trouve écho, seront au cœur des préoccupations dans le document que présentera le 16 avril prochain la ministre des Finances, Chrystia Freeland. L’ancienne journaliste s’est « autoscoopée » cette semaine lors du coup d’envoi d’une tournée prébudgétaire qui s’est déployée aux quatre coins du pays, et qui se poursuivra la semaine prochaine, alors que la Chambre des communes fait relâche.

La résistance 2.0

Scott Moe, Blaine Higgs, Danielle Smith : les premiers ministres de la Saskatchewan, du Nouveau-Brunswick et de l’Alberta ont tous témoigné par visioconférence devant un comité de la Chambre des communes, mercredi et jeudi, afin de pourfendre la hausse du prix de la tonne de carbone, qui passera de 65 $ à 80 $ le 1er avril. En tout, sept premiers ministres provinciaux, dont le libéral Andrew Furey (Terre-Neuve-et-Labrador), ont demandé à Justin Trudeau de renoncer à cette augmentation, ce que le principal intéressé a balayé du revers de la main, allant jusqu’à accuser ses homologues de mentir. Les visages de « La résistance » qui étaient à la une du magazine Maclean’s en 2018 ont tous changé, sauf un (Scott Moe), mais l’objectif est le même : descendre en flammes la tarification du carbone – pardon, la remise canadienne sur le carbone, comme l’a rebaptisée le gouvernement Trudeau, conscient de la nécessité de faire un peu de pédagogie pour expliquer cette politique.

IMAGE TIRÉE DU SITE DE MACLEAN’S

La couverture du Maclean’s de décembre 2018. On y voit Doug Ford, Brian Pallister, Andrew Scheer, Jason Kenney et Scott Moe.

Obama et Greta, persona non grata dans les campagnes

Un nom est souvent revenu dans les nombreuses plaintes en lien avec l’ingérence étrangère déposées dans le cadre des scrutins de 2019 et de 2021 : Barack Obama. Les messages d’appui publiés par l’ancien président des États-Unis sur X (Twitter à l’époque) pendant les deux campagnes électorales ont entraîné une avalanche de plaintes tant chez le Commissariat aux élections fédérales – qui est responsable du traitement des plaintes – que chez le directeur général des élections, Stéphane Perrault. « Il y avait un volume tellement gros qu’on avait demandé [aux employés du Commissariat] s’ils voulaient les voir, et je pense qu’ils avaient dit non, parce qu’ils en recevaient autant chez eux, ou davantage », a raconté ce dernier à la Commission sur l’ingérence étrangère, qui a repris ses travaux cette semaine. Mais dans ce cas comme dans celui de la présence au Canada de la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, en 2019, ces interventions qui peuvent être « perçues par les Canadiens comme des injustices à notre système électoral […] ne sont pas illégales », sauf s’il y a contrepartie financière, a ajouté le témoin.