François Legault ne regrette pas d’avoir appuyé une motion, en 2000, pour condamner des propos antisémites qu’Yves Michaud, décédé mardi, a toujours nié avoir tenus.

« Je vis bien avec mon vote », a lancé le premier ministre jeudi en se dirigeant vers le salon bleu de l’Assemblée nationale.

Après la période de questions, M. Legault a expliqué sa position. « M. Michaud avait tenu des propos à l’égard du peuple juif qui étaient inacceptables. C’est ce qu’on a dénoncé, et c’est malheureux parce que ça résume […] je pense que les propos avaient été tenus à la radio, je me rappelle les avoir écoutés, donc moi je juge que c’étaient des propos qui n’était pas acceptables à l’égard de la communauté juive », a-t-il dit.

« Mais je veux dire que quand on regarde l’ensemble de l’œuvre, Yves Michaud a fait beaucoup pour le Québec et je trouve ça un peu malheureux qu’on parle surtout de cette déclaration », a-t-il ajouté.

M. Legault est l’un des deux parlementaires ayant voté cette motion en 2000 qui siègent toujours à l’Assemblée nationale, avec le député caquiste Jean-François Simard.

M. Michaud est décédé mardi et cette « motion scélérate » a été un des combats de sa vie. En 2020, en entrevue avec La Presse, il déplorait que « l’Assemblée nationale, en 20 ans, n’ait pas trouvé un seul moment pour s’excuser ». Il avait alors perdu l’espoir de recevoir des excuses avant sa mort. « J’ai l’impression que je vais emporter cette saloperie dans ma tombe », avait-il dit.

Plusieurs élus de l’époque se sont excusés depuis. Dans une lettre publiée en 2021, l’ex-première ministre Pauline Marois et une trentaine d’ex-élus, comme le libéral Jean-Marc Fournier et le péquiste François Gendron, demandaient à l’Assemblée nationale de réparer cette erreur.

Pas de vérification

« Ces propos n’ont pas été vérifiés au préalable et M. Michaud n’a pas eu l’occasion de se faire entendre de l’Assemblée nationale, contrairement aux exigences fondamentales du respect du droit à la justice », notaient les auteurs.

En 2020, une motion avait été déposée par le Parti québécois pour effacer cette erreur, mais la Coalition avenir Québec avait refusé son dépôt.

Suite à son décès, le député péquiste Pascal Bérubé a affirmé qu’il souhaitait à nouveau déposer une motion à ce sujet.

« On va poser à nouveau un geste prochainement, avec l’accord de l’ensemble des formations politiques, pour réparer, tenter de réparer. M. Michaud n’est plus là. On aurait aimé qu’il vive ça, qu’il puisse vivre cette réparation. Mais on va quand même poser un geste pour ne plus que ça se reproduise, et en mémoire de M. Michaud », a dit M. Bérubé. Québec solidaire appuie cette démarche.

Prendre le temps de lire la motion

Le Parti libéral et la Coalition avenir Québec n’ont pas voulu se mouiller.

« Écoutez, on va rendre hommage à M. Michaud. Je pense qu’on offre toutes nos condoléances à sa famille. C’est une perte pour le Québec. C’est quelqu’un qui a servi le Québec pendant plusieurs années », a simplement dit le leader parlementaire caquiste Simon Jolin-Barrette.

Le leader parlementaire libéral Monsef Derraji tient un discours semblable. « On a un devoir de se souvenir de sa mémoire. Je vais limiter mes commentaires aujourd’hui à offrir mes sincères condoléances. […] Au Parti libéral, on va prendre le temps de lire la motion et, en temps et lieu, on va voir revenir », a-t-il dit.

Avec Fanny Lévesque et Tommy Chouinard, La Presse