(Québec) Le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, juge « tout à fait irresponsables » les propos de François Legault au sujet des juges de la Cour d’appel qui sont nommés par le fédéral.

« Quand François Legault vient pointer nos cours de justice comme étant une menace à notre travail de parlementaires, il vient s’attaquer à un fondement de notre société qui est la société de droit », a lancé le chef libéral en point de presse jeudi à l’Assemblée nationale.

Dans un échange avec le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, lors de la période de questions, François Legault a lancé : « (Le chef du PQ) sait que les juges de la Cour d’appel sont nommés par le gouvernement fédéral et il dit qu’il a plus confiance dans la Cour d’appel qu’au gouvernement du Québec pour décider si on est obligé ou non de donner des services de garderies subventionnés. C’est incroyable. C’est le chef du PQ qui est à plat ventre devant le fédéral ».

Marc Tanguay a accusé le premier ministre de reprendre l’idée « des juges nommés par Ottawa ». « C’est le vieux discours péquiste depuis des décennies et François Legault fait une erreur fondamentale de reprendre ça », a-t-il ajouté.

Le député libéral André A. Morin a joint sa voix à celle de son chef en affirmant que la déclaration de François Legault n’avait « pas de sens ». « Voir que parce que des juges sont nommés par le fédéral, qu’ils ne seront pas impartiaux et qu’on ne peut pas leur faire confiance », a-t-il affirmé dans une vidéo publiée sur X.

Le 7 février dernier, le gouvernement du Québec a été débouté par la Cour d’appel qui a jugé que les demandeurs d’asile détenant un permis de travail pouvaient bel et bien confier leurs enfants à un service de garde subventionné et ainsi bénéficier de la contribution réduite.

Le tribunal a statué que le règlement du gouvernement, qui prive les demandeurs d’asile de services de garde subventionnés, est discriminatoire envers les femmes et contrevient à la Charte canadienne des droits et libertés.

Le gouvernement s’oppose à ce jugement et entend se rendre jusqu’en Cour suprême pour empêcher les enfants de demandeurs d’asile d’avoir accès aux Centres de la petite enfance (CPE) et garderies subventionnées de la province.

Pour sa part, le PQ affirme plutôt qu’il faut « offrir une place à tous les enfants, peu importe leur statut ».

« C’est la décision du gouvernement de se soumettre à la Cour suprême sur ces questions-là et peu importe cette décision, la réalité c’est que le nombre de personnes qu’on accueille par année excède largement notre capacité à offrir des services, dans quel cas ces enfants-là vont entrer sur la liste d’attente qui existe déjà », a affirmé Paul St-Pierre Plamondon en mêlée de presse jeudi.

« Une question de gros bon sens »

En point de presse avant la période de questions jeudi, le premier ministre a défendu sa décision de se rendre en Cour suprême afin que les enfants de citoyens québécois soient priorisés dans les CPE avec des propos qui n’étaient pas sans rappeler un slogan du chef conservateur, Pierre Poilievre.

« C’est une question de gros bon sens. […] Je pense que tant qu’on n’est pas capable d’offrir les services de garde à tous les Québécois, et je parle bien de services de garde subventionnés, on doit d’abord les offrir aux citoyens québécois », a affirmé le premier ministre.

La ministre de la Famille, Suzanne Roy, réfute l’argument de la Cour d’appel voulant que la décision de Québec soit de la discrimination basée sur le sexe. « Nous ne sommes absolument pas d’accord. […] Le Québec est une société égalitaire. Les valeurs d’égalité entre les hommes et les femmes font partie de nos valeurs fondamentales », a-t-elle affirmé.

Legault va rencontrer Trudeau

Alors qu’Ottawa refuse de répondre aux doléances de Québec concernant les demandeurs d’asile et que la pression s’accentue sur les services publics, François Legault va rencontrer son homologue Justin Trudeau dans les prochaines semaines.

Le premier ministre Legault a aussi demandé à Ottawa de remettre en place les visas pour les voyageurs mexicains le plus rapidement possible, car bon nombre de demandeurs d’asile proviennent du Mexique, selon M. Legault.

Plus tôt cette semaine, quatre ministres du gouvernement du Québec ont de nouveau interpellé Ottawa pour que soit freinée l’arrivée des demandeurs d’asile et pour qu’ils soient mieux répartis à travers le pays.

Le gouvernement caquiste affirme que les coûts associés à l’accueil des demandeurs d’asile dépassent maintenant le milliard de dollars et continue de réclamer un remboursement de la part du fédéral.

Selon Québec, la province accueille 55 % des demandeurs d’asile qui arrivent au Canada.