(Ottawa) Les néo-démocrates font pression pour que le comité parlementaire chargé « de demander une mesure corrective appropriée » visant le président de la Chambre des communes, Greg Fergus, recommande une pénalité financière.

Leur leader parlementaire, Peter Julian, a fait savoir que c’est ce que souhaite sa formation politique, qui, contrairement aux conservateurs et bloquistes, ne veut pas pour l’instant la démission de M. Fergus.

Le député libéral de Hull-Aylmer, qui n’occupe la fonction de président de la Chambre que depuis octobre, est dans l’embarras en raison de sa récente apparition virtuelle dans un évènement partisan.

« Nous, on propose des mesures disciplinaires qui sont fortes, importantes, pour que ça ne se reproduise jamais », a dit mardi M. Julian, qui siège au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.

Ce comité, qui a entendu M. Fergus lundi, a jusqu’à jeudi, au plus tard, pour soumettre un rapport à la considération de l’ensemble des élus de la Chambre.

La motion qui a placé le dossier entre les mains de ce comité précise que ce dernier devait « recevoir l’instruction de demander une mesure corrective appropriée ».

M. Julian n’a pas précisé à quelle hauteur il croit que l’amende devrait s’élever ni quelles autres mesures administratives les néo-démocrates contemplent, concrètement. « On va être en discussions au niveau du rapport, alors c’est sûr que je ne peux pas révéler des détails », a-t-il répondu aux journalistes qui le pressaient de questions.

Les visions entre partis diffèrent vraisemblablement sur ce qui constitue la sanction à préconiser. « J’ai envie de dire au NPD “un peu de courage” », a soutenu le chef bloquiste Yves-François Blanchet dans son propre échange avec les médias.

Il a fait valoir que M. Fergus « s’est rapidement disqualifié pour la fonction qu’il occupe, qui doit être d’abord caractérisée par la neutralité et l’impartialité ».

« Des pénalités financières et des tapes sur les doigts » ne sont pas une solution à ses yeux. « Même s’il fait un chèque le lendemain matin, il ne redevient pas quelqu’un qui a le recul et le jugement nécessaires pour gérer de façon impartiale et en période trouble un Parlement aussi complexe que celui-ci. »

Il reste à voir comment les membres du comité, qui étaient réunis à huis clos mardi, trouveront un terrain d’entente.

Des critiques à l’endroit de M. Fergus ont fusé depuis la semaine dernière. L’élément déclencheur a été la diffusion, au congrès du Parti libéral de l’Ontario, d’un message capté sur vidéo dans lequel il remercie le chef intérimaire sortant de cette formation politique, John Fraser.

« Si vous étiez un joueur de hockey, que vous étiez sur le point de jouer un match et que vous voyiez l’arbitre dans son uniforme en train de faire un discours d’encouragement au vestiaire de l’équipe adverse, le contexte n’aurait pas d’importance, n’est-ce pas ? Vous ne voudriez pas que cet officiel arbitre votre match », a dit le leader parlementaire des conservateurs, Andrew Scheer, durant la comparution de lundi de M. Fergus en comité.

Le principal intéressé a répondu au député qui a déjà été président de la Chambre qu’il pensait qu’il était important de noter qu’en tant que député du Québec, lui et M. Fraser étaient dans « une ligue différente ».

« Je reconnais également que le député a raison », a-t-il ajouté.

M. Fergus a souligné que ses collègues aux Communes pourraient décider de lui demander de démissionner.

« Si la Chambre décide qu’ils n’ont plus la confiance dans mon travail, que je ne peux pas regagner la confiance des députés, que je ne peux pas exécuter les responsabilités de président en apprenant de cette erreur, avec un désir profond et sincère de corriger le tir […] absolument je vais partir », a-t-il déclaré.

Il semble toutefois improbable que les élus du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre réclament à l’unisson que M. Fergus renonce à ses fonctions.

En plus de néo-démocrates qui écartent une demande de démission, les libéraux ont maintenu leur confiance envers le président, plaidant qu’il s’est excusé et a compris la teneur de son « erreur de jugement ».

Au comité de la procédure, les troupes de Justin Trudeau et de Jagmeet Singh comptent plus de membres que les conservateurs et bloquistes.

La même addition mathématique s’applique dans la composition des députés de la Chambre.

Quoi qu’il en soit, M. Julian a ajouté mardi que les néo-démocrates pourraient, à plus long terme, présenter une motion pour que l’ensemble des élus se prononcent sur la confiance qu’ils ont, ou non, envers M. Fergus.

Il a précisé que ce scénario ne s’appliquerait que si un incident comme celui qui a déclenché un tollé se reproduisait.

Le député de Hull-Aylmer a été élu au poste de président de la Chambre en octobre, à la suite de la démission de son prédécesseur, Anthony Rota. Ce dernier a quitté ses fonctions dans la foulée de la controverse concernant la reconnaissance d’un ancien combattant ayant servi sous les nazis lors d’une visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky.