(Québec) Dans une offensive transpartisane, l’opposition a lancé un ultime appel au ministre Christian Dubé pour qu’il renonce à utiliser le bâillon pour faire adopter sa vaste réforme en santé, la semaine prochaine. Ce dernier refuse toujours de l’exclure.

« On est réunis ici pour demander au ministre Dubé de ne pas aller de l’avant avec un bâillon dans [le projet de loi] 15 », a plaidé le député solidaire, Guillaume Cliche-Rivard. « On parle du deuxième plus gros projet de loi de l’histoire du Parlement, avec des liasses d’amendements qui sont déposées toutes les semaines. Le projet de loi s’écrit essentiellement au fur et à mesure », a-t-il ajouté.

M. Cliche-Rivard était accompagné jeudi de ses vis-à-vis de l’opposition, le libéral André Fortin et le péquiste Joël Arseneau — qui participent tous à l’étude détaillée de la réforme — et de représentants de plusieurs groupes communautaires et de syndicats.

Aujourd’hui, ce sont des centaines d’organisations de la société civile, de groupes et d’associations issues du milieu communautaire, syndical, coopératif et médical qui s’unissent pour demander au ministre de la Santé, Christian Dubé, de prendre un pas de recul et de ne pas imposer sa réforme aux Québécoises et aux Québécois.

Nathalie Deziel, représentante de la Coalition solidarité santé

Les groupes présents demandent au ministre d’arrêter de « foncer seul » vers l’adoption de sa réforme d’ici la fin de la session parlementaire, qui se termine le vendredi 8 décembre. Le ministre de la Santé a présenté la semaine dernière son plan de match pour arriver à adopter l’imposant texte législatif avant les Fêtes.

« Soyons très, très clairs. L’opposition a fait un travail incroyable jusqu’à maintenant et lorsque j’ai déposé mon plan de match, j’ai dit que c’était sûrement possible d’adopter ça d’ici la fin de l’année si on continuait de collaborer de la même façon. […] Jusqu’à présent, je suis très, très confiant », a affirmé M. Dubé plus tôt.

Le projet de loi 15 qui se traduira par la création de Santé Québec prévoit une période de six mois après son adoption pour constituer cette toute nouvelle société d’État, qui deviendra l’employeur unique du réseau de la santé et des services sociaux. Santé Québec sera responsable de tout le volet opérationnel du Ministère.

« Une réforme comme celle-là, touche tellement d’aspects différents du réseau de la santé, des groupes communautaires, des syndicats, des employés, et qui va ultimement toucher les patients du réseau. On ne peut pas la faire trop vite, on ne peut pas la faire à la va-vite », a indiqué le député André Fortin.

Un fin en « queue de poisson »

Plus de 600 des quelque 1200 articles du projet de loi 15 ont été adoptés jusqu’à présent en plus de centaines d’amendements déposés par le ministre. Ce dernier en a d’ailleurs présenté d’autres ce jeudi dans un document qui fait une centaine de pages. Mardi, M. Dubé a semé la consternation dans le monde syndical en proposant des amendements pour faire passer de quatre à six les catégories d’emploi dans le réseau.

« Je prends pour exemple, il y a deux jours, des changements majeurs sur les catégories d’emploi », a exprimé M. Arseneau. « Les gens qui sont touchés au premier chef ne sont pas au courant. Ils n’ont même pas d’opinion là-dessus parce qu’ils ne sont pas certains de pouvoir mesurer les impacts », a-t-il déploré craignant que l’étude détaillée du projet de loi se termine « en queue de poisson ».

Selon la feuille de route de M. Dubé, les parlementaires adopteraient plus de 400 amendements dans la semaine de travaux intensifs du 5 décembre, dont la majorité sont des articles de concordance.