(Québec) Après un été historique qui va laisser une profonde cicatrice sur la forêt québécoise, Québec promet de « tirer des leçons » des incendies qui ont ravagé la province en 2023. Pour l’instant, pas question toutefois de rehausser la flotte d’avions-citernes ou d’embaucher de nouveaux pompiers.

Ce qu’il faut savoir

  • Au sud du Québec, la superficie brûlée cette année est 82 fois plus élevée que la moyenne des dix dernières années.
  • En juin, la superficie brûlée dépassait déjà la somme des superficies brûlées des 20 dernières années
  • 1,1 million d’hectares ont été brûlés cette année en zone de protection intensive, contre 15 815 hectares en moyenne.
  • La superficie brûlée est trois fois plus importante que le dernier record en date, en 2005.
  • Pour l’instant, Québec n’a pas l’intention d’embaucher plus de pompiers à la SOPFEU ou d’augmenter la flotte d’avions-citernes, même si l’organisme a admis avoir « étiré ses capacités » au maximum durant l’été.

« La saison 2023 aura laissé une cicatrice sur la forêt du Québec. Il y aura un avant l’été 2023 et un après l’été 2023. On va tirer des leçons », a affirmé la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, en conférence de presse mardi.

La ministre a annoncé du même souffle un rehaussement du budget de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU). Une première enveloppe de 13 millions lui permettra d’acquérir « différents types de véhicules, des unités de logement mobile et du matériel de télécommunication » et financera un programme de formation de combattants auxiliaires.

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Maïté Blanchette Vézina

Une deuxième somme de 3 millions est consentie au « déploiement de bonnes pratiques en matière de prévention et d’atténuation des incendies de forêt ». Est-ce suffisant, alors qu’au même moment, le gouvernement Legault a annoncé l’octroi une subvention de 5 à 7 millions pour la venue des Kings de Los Angeles à Québec ?

La ministre Blanchette Vézina réplique que la réflexion du gouvernement ne fait que commencer, et que 200 millions ont été annoncés pour replanter près de 40 millions d’arbres au cours des huit prochaines années.

Changements climatiques

« Nous savons que le contexte des changements climatiques a une incidence sur la fréquence et l’intensité des perturbations naturelles qui affecte nos forêts, et je l’ai dit, il faut dresser des bilans », a-t-elle affirmé en conférence de presse.

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Sur les 14 avions-citernes du gouvernement, 8 sont des appareils modernes. Mais les autres devront être remplacés.

De son côté, le directeur général de la SOPFEU, Eric Rousseau, s’est dit heureux de l’annonce, mais reconnaît que l’organisme a des besoins non comblés. Sur les 14 avions-citernes du gouvernement du Québec, huit sont des appareils modernes. Mais les autres devront être remplacés. « On est en discussion avec le ministère des Transports et avec le ministère des Ressources naturelles », a-t-il dit.

Il a affirmé que la SOPFEU est « assez agile » pour pouvoir s’en tirer avec des « ententes de collaboration avec d’autres organisations pour compenser ce manque à gagner jusqu’en 2030 ».

Mais lorsque la SOPFEU doit élargir son territoire de protection, il lui manque de pilotes et d’avions pour soutenir son travail. « Quand on regarde une saison où on est allés beaucoup en zone nordique pour protéger des communautés et des infrastructures d’Hydro-Québec, […] on vient en manque », a-t-il laissé tomber.

Des employés sur le carreau

L’année 2023 a aussi laissé des traces sur l’organisation de M. Rousseau. Une vingtaine d’employés ont dû prendre une « pause » à la suite de cette saison mouvementée. « On vit des choses très intenses et c’est difficile pour le personnel », a expliqué le directeur des ressources humaines, Dominic Pagé.

L’été 2023 ne leur a pas laissé beaucoup de repos. À la fin du mois de mai, « les capacités de la SOPFEU étaient déjà dépassées », a expliqué M. Rousseau, et les risques d’incendie étaient élevés à extrêmes partout sur le territoire ».

Le 1er juin, 182 nouveaux incendies ont été allumés par une ligne de foudre sèche, ce qui a provoqué ce qu’il a appelé « le grand débordement ». En comparaison, la capacité opérationnelle de la SOPFEU est une lutte contre 30 incendies de forêt, ou un seul feu de 1000 hectares.

Au cours de l’été, près de 27 000 personnes ont dû être évacuées de leur domicile, des routes ont été fermées et l’accès aux forêts publiques a été interdit pendant près de deux mois.

Le Québec a toutefois eu de l’aide extérieure :

  • 140 pompiers des autres provinces canadiennes
  • 1000 militaires des Forces armées canadiennes
  • 450 pompiers américains
  • 340 pompiers français
  • 140 pompiers portugais
  • 140 pompiers sud-coréens
  • 100 pompiers espagnols