Les changements climatiques devraient augmenter de 20 % les épisodes de foudre dans les forêts boréales d’ici la fin du siècle, selon une nouvelle étude britannique. Or, les éclairs allument la moitié des incendies au pays.

Les scientifiques ne s’entendent pas sur l’impact des changements climatiques sous les tropiques, mais sous les latitudes plus élevées, un consensus se dégage.

« Dans les grandes forêts non aménagées du Nord, il devrait y avoir une augmentation de 11 % à 31 % de la fréquence de la foudre à chaque augmentation d’un degré de la température », explique Matthew Jones, de l’Université d’East Anglia. Il est l’auteur principal de l’étude liant foudre et réchauffement de la planète publiée jeudi dans la revue Nature Geoscience. « Les modèles s’accordent sur ce point, même s’ils diffèrent pour les tropiques, où survient la plupart de la foudre. »

Ces forêts extratropicales, comme la forêt boréale, sont situées entre 50 et 60 degrés de latitude, soit au nord de Chibougamau au Québec.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE L’UNIVERSITÉ D’EAST ANGLIA

Matthew Jones, de l’Université d’East Anglia

Comme le mercure grimpera plus vite dans le Grand Nord qu’à l’équateur, cela signifie-t-il que la fréquence de la foudre augmentera plus rapidement dans la forêt boréale ? « L’augmentation moyenne de 20 % de la fréquence de la foudre est calculée par rapport à l’augmentation moyenne de la température planétaire », confirme M. Jones.

Hiver et nuages

Plusieurs incertitudes demeurent. M. Jones cite par exemple la possibilité que la foudre devienne plus fréquente sous les latitudes plus élevées : un degré d’augmentation de température augmenterait la fréquence de la foudre de plus de 20 % à 60 degrés de latitude, et de moins de 20 % à 45 degrés de latitude.

Autres points qui restent à étudier, la saisonnalité de la foudre et son altitude. Environ la moitié de la foudre va de nuage en nuage, donc ne cause pas d’incendie. Et la foudre ne peut causer d’incendie que lorsque les conditions y sont propices, généralement pas l’hiver quand il y a un couvert de neige sur le sol.

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA NASA

En 2016, la NASA a couronné le lac Macaraibo au Venezuela comme la « capitale mondiale de la foudre ». 

Des données préliminaires montrent que la proportion de la foudre qui va de nuage en nuage, et qui va jusqu’au sol, est conservée avec l’augmentation de la fréquence causée par les changements climatiques. Mais pour ce qui est de la saisonnalité, il manque de données.

Comme la planète s’est réchauffée d’un peu plus de 1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle, cela signifie-t-il qu’il y a déjà 20 % plus de foudre dans les forêts extratropicales ?

« On manque cruellement de données pour en arriver à cette conclusion, dit M. Jones. Heureusement, il y a depuis une quinzaine d’années une base de données nord-américaine qui a été étendue au monde entier il y a quelques années. D’ici 10, 15 ans, on pourra vraiment avoir des corrélations réelles entre la température et la foudre. Et aussi pour les autres incertitudes. »

Nous avons connu cette année des incendies de forêt record au Canada, avec 18,4 millions d’hectares brûlés avant le début de novembre. Auparavant, le record – des statistiques historiques remontant à 1980 – était de 7,5 millions d’hectares, en 1989, selon la Base nationale de données sur les incendies de forêt.

Si 45 % des incendies de forêt au Canada sont causés par la foudre, cette dernière est responsable de 81 % de la superficie brûlée, selon Ressources naturelles Canada.

En savoir plus
  • 45 éclairs par seconde
    Fréquence de la foudre sur la Terre entière
    Source : Université de Tel-Aviv
    90 %
    Proportion de la foudre qui survient au-dessus des continents
    Source : Université de Tel-Aviv