(Ottawa) Justin Trudeau hausse le ton à l’endroit de l’État hébreu, le sommant de faire preuve de « la plus grande retenue » dans la bande de Gaza.

Le premier ministre a tenu ses propos les plus tranchants à l’endroit d’Israël depuis les attentats du 7 octobre, mardi après-midi.

« J’exhorte le gouvernement d’Israël à faire preuve de la plus grande retenue. La mort de femmes, d’enfants et de bébés doit arrêter », a-t-il déclaré en marge d’une annonce en Colombie-Britannique.

Les violences doivent cesser « de façon urgente », a poursuivi Justin Trudeau.

Il a du même souffle condamné le Hamas, sommant le groupe terroriste à « cesser d’utiliser les Palestiniens comme boucliers humains » et à libérer tous les otages « immédiatement et sans condition ».

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a répliqué à son homologue canadien tard mardi, affirmant sur X que « ce n’était pas Israël qui prenait délibérément pour cible des civils », mais bien le Hamas, rappelant les ravages de l’attaque surprise du 7 octobre.

« Alors qu’Israël fait tout pour que les civils ne soient pas en danger, le Hamas fait tout pour qu’ils le soient », a écrit M. Nétanyahou, ajoutant que le mouvement islamique se rendait coupable de crimes de guerre en « se cachant derrière des civils ».

Muet sur un cessez-le-feu

Justin Trudeau s’est gardé d’aller jusqu’à réclamer un cessez-le-feu comme l’a récemment fait le président français Emmanuel Macron, avec qui il a eu un entretien téléphonique lundi.

Mais pour ce qui est de la question de la retenue, il a dit ce que sa ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n’avait pas voulu commenter il y a encore quelques jours.

Le premier ministre a également laissé entendre que les « pauses humanitaires » réclamées depuis plusieurs semaines ne suffisaient pas.

Car les civils palestiniens de l’enclave n’ont pas accès à suffisamment d’aide humanitaire, et les informations en provenance des Nations unies sont préoccupantes, a-t-il soutenu.

L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pourrait devoir cesser ses opérations à Gaza en raison d’un manque de carburant.

Le carburant permet aux hôpitaux de l’enclave de fonctionner. Israël soutient que les hôpitaux, entre autres, sont des repaires du Hamas.

Vote à l’ONU

La guerre qui a éclaté après les attentats perpétrés par le Hamas n’a pas changé la position d’Ottawa, qui est celle d’une solution à deux États, a réitéré Justin Trudeau.

Mais aux Nations unies, samedi dernier, le Canada a voté contre une résolution soutenant que les occupations israéliennes dans le Territoire palestinien occupé étaient illégales.

Le premier ministre n’y a pas vu pas de contradiction, mais plutôt une façon de combattre l’antisémitisme.

« Le Canada reconnaît depuis longtemps que nous avons besoin d’une solution à deux États – un État palestinien prospère, sécure, au côté d’un Israël prospère et sécure », a-t-il exposé.

« C’est aussi notre politique de ne pas accepter qu’Israël soit continuellement visé, et isolé, aux Nations unies, parce que ça va contre notre lutte contre l’antisémitisme à travers le monde », a-t-il ajouté.

Avec la collaboration de Bruno Marcotte, La Presse