Le gouvernement Legault et le Parti québécois se sont à nouveau affrontés dimanche, par médias interposés, sur la question des seuils d’immigration. Le chef péquiste affirme qu’une « crise sociale sans précédent » guette le Québec en raison du nombre inédit d’étrangers établis dans la province.

Dans un long message publié sur sa page Facebook dimanche, Paul St-Pierre Plamondon affirme vouloir dénoncer « l’hypocrisie » d’une partie des « élites médiatiques et d’affaires » qui éviteraient de « nommer ces constats ».

« Crise du logement, crise du français, crise au niveau des services essentiels », l’accueil d’un nombre sans précédent d’immigrants permanents et temporaires fait craindre une catastrophe à trois volets, affirme-t-il.

Il pointe d’abord le nouveau seuil de 64 600 immigrants permanents pour l’an prochain, annoncé cette semaine par la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette. Un « bris évident d’une promesse électorale qui avait été jouée à gros trait », selon lui, alors que le premier ministre, François Legault, avait affirmé en campagne qu’une « louisianisation » guettait le Québec au-delà d’un seuil de 50 000 immigrants permanents.

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Puis, Paul St-Pierre Plamondon s’inquiète du nombre sans précédent d’immigrants temporaires établis au Québec – ils seraient désormais près de 466 000 sur le territoire québécois –, dont « l’impact concret est l’étranglement des finances des ménages ».

Or, si la hausse des seuils permettait de résoudre la pénurie de la main-d’œuvre, selon certains, Paul St-Pierre Plamondon affirme qu’il n’existe aucune donnée en ce sens et que cette théorie a été démentie « par de nombreux économistes ».

Ainsi, « en faisant venir un nouveau travailleur, on fait aussi venir un consommateur, qui aura des besoins comme tout le reste de la population », dit-il.

Le gouvernement Legault réplique

Le Parti québécois plaide pour une baisse des seuils d’immigrants permanents et pour la souveraineté du Québec, et ce, « afin d’avoir ses propres politiques en faveur de sa réalité » linguistique et culturelle.

« Il n’y a aucun lien entre le nombre de personnes que nous souhaitons accueillir et notre niveau d’ouverture », conclut Paul St-Pierre Plamondon.

Dans une publication sur le réseau social X, dimanche, la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, a répliqué au plaidoyer du chef péquiste en réitérant les engagements de son parti en matière d’immigration.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette

Sans aborder la question du nombre d’immigrants permanents que s’apprête à accueillir le Québec, elle y affirme que « nous nous assurons que ceux qui viennent contribuent pleinement à notre société, tout en maîtrisant notre langue commune ».

Au sujet des demandeurs d’asile, Christine Fréchette réitère la position de son parti, soit une meilleure répartition de ceux-ci à travers les autres provinces et le remboursement par Ottawa des sommes consacrées à leur accueil. Québec souhaite également que le gouvernement fédéral délivre plus rapidement les permis de travail aux demandeurs d’asile et révise sa gestion des visas.