(Ottawa) Il en sait, des choses, sur les politiciens canadiens, ce blogueur d’origine chinoise de Vancouver. « Il a exposé votre côté obscur, incluant vos fraudes financières, votre vie privée indécente, et vos scandales familiaux. » « Il propage des rumeurs sur votre corruption financière et politique et des ragots sur des membres de votre famille. »

Des dizaines de députés fédéraux, y compris le premier ministre Justin Trudeau, le chef conservateur Pierre Poilievre, ainsi que plusieurs ministres libéraux, ont goûté à la campagne de « spamouflage », ou camouflage de courriels, orchestrée par Pékin.

À partir de la fin du mois d’août, un réseau d’ordinateurs zombies « a laissé des milliers de commentaires en anglais et en français sur les comptes Facebook et X de députés fédéraux canadiens », a révélé lundi Affaires mondiales Canada.

Le stratagème, qui passait notamment par l’utilisation de vidéos hypertruquées modifiées numériquement par l’intelligence artificielle (deepfake, en anglais), a été détecté par le Mécanisme de réponse rapide (MRR) du Canada, qui relève de ce ministère.

CAPTURE D’ÉCRAN FOURNIE PAR AFFAIRES MONDIALES CANADA

L’un de ceux qui en ont fait les frais est le député libéral Omar Alghabra. « Il y avait un message qui revenait à répétition sur mon compte X. Les noms étaient différents, mais on disait : ‟Voyez ce que cette personne de Vancouver dit de ce député, qu’il est corrompu" », a-t-il relaté en mêlée de presse.

« Ça ressemblait clairement à des pourriels, mais là, je sais que ça a été orchestré par un groupe », a-t-il dit.

L’opération avait comme objectif « de discréditer et de dénigrer les députés […], alléguant des irrégularités, diffusées par vagues de publications et de vidéos sur les médias sociaux, qui remettaient en question les normes politiques et éthiques de ces députés », croit le MRR.

CAPTURE D’ÉCRAN FOURNIE PAR AFFAIRES MONDIALES CANADA

Et puisque ces pourriels prétendaient qu’un critique de Pékin installé au Canada proférait des accusations à l’endroit des élus, on voulait aussi inciter ceux-ci « à prendre leurs distances par rapport à ce critique » et à décourager les internautes à « communiquer avec cette personne », toujours selon le MRR.

Tous les parlementaires concernés ont été informés de la chose et ont reçu des conseils des responsables du MRR sur la façon de se protéger contre une ingérence étrangère, ainsi que des informations sur la manière de signaler toute activité d’ingérence étrangère présumée.

CAPTURE D’ÉCRAN FOURNIE PAR AFFAIRES MONDIALES CANADA

Rien ne porte à croire que la campagne a mis en péril la sécurité des élus ou de leur famille. Les plateformes de Meta et de X où le « spamouflage » s’est joué ont été informées, ce qui a permis de supprimer une grande partie de l’activité et du réseau.

Le nombre de députés qui ont été visés par la stratégie n’est pas précisé.

Qu’est-ce que le spamouflage ?

Il s’agit d’une tactique qui consiste à utiliser les réseaux de nouveaux comptes de réseaux sociaux ou de comptes piratés pour publier et amplifier des messages de propagande sur diverses plateformes. Selon l’analyse effectuée par le MRR Canada, le réseau d’ordinateurs zombies pourrait appartenir au réseau de spamouflage bien connu qui a fait l’objet de rapports publics de la part d’entreprises technologiques, telles que Meta et Microsoft, et d’experts du renseignement sur les menaces, comme Graphika, qui ont établi le lien de la campagne avec la Chine.

Source : Affaires mondiales Canada